pendance en satisfaisant leurs appétits ; il affecte leur
sensibilité ; il en fait des voisins coustans, ou des coha-
bitans assidus, ou des serviteurs affectionnés et volontaires
, ou des esclaves contraints et retenus par des
fers; et dans tous les degrés de son empire, il modifie-
avec promptitude les formes par 1 aliment, et les qualités
par l’imitation , par l’attachement ou par la crainte.
Mais pour mieux juger de tous les objets que nous
venons d exposer, pour mieux déterminer les change
mens; dans les qualités qui entraînent des modifications
dans les'habitudes, pour mieux reconnoître les
variétés successives que peuvent présenter les formes ,
pour mieux voir la dépendance mutuelle des formes,-
des qualités et des moeurs, il faut considérer avec soin
la nature de l’influence des diverses conformations.
Premièrement, il faut rechercher si la nouvelle conformation
que l’on reconnoît, peut accroître ou diminuer
d’une manière un peu remarquable les facultés'
de l’animal ; si elle peut modifier sensiblement ses-
instrumens , ses armes,. sa vitesse, ses vaisseaux, ses
sucs digestifs, ses alimens, sa respiration, sa sensibilité
, etc. Par exemple, un de nos plus habiles anatomistes
modernes, mon confrère le citoyen Cuvier, a
démontré qu’il existoit entre les éléphans d’Asie, ceux
d’Afrique, et ceux dont les ossemeus fossiles ont été
entassés en tant d’endroits de l’Asie ou de l’Europe boréale,
des différences de conformation assez grandes
pour qu’ils doivent être considérés comme appartenant
à trois espèces distinctes; et cependant des naturalistes
xie pourraient pas se servir de cette belle observation
pour contester à des géologues la ressemblance des habitudes
et des besoins de l’éléphant d’Asie avec ceux que
devoit offrir l’éléphant de Sibérie , puisque ce même
éléphant d’Asie et l’éléphant d’Afrique présentent les
mêmes facultés et les mêmes moeurs, quoique leurs
formes soient pour le moins aussi dissemblables que
celles des éléphans asiatiques et des éléphans sibériens.
Secondement, une forme particulière qui donne à
un être une faculté nouvelle, doit être soigneusement
distinguée d’une forme qui retrancherait au contraire
une ancienne faculté. La première peut n’interrompre
aucune habitude; la.seconde altère nécessairement la
manière de vivre de l’animal. On sera convaincu de
cette vérité, si l’on réfléchit que , par exemple , la
conformation qui douerait une espèce du pouvoir de
nager, ne la confinerait pas au milieu des eaux,
tandis que celle qui la priverait de cette faculté, lui
interdirait un grand nombre de ses actes antérieurs.
Ajoutons à cette considération importante, que la même
conformation qui accroît une qualité essentielle dans
certaines circonstances, peut l’affbiblir dans d autres;
et pour préférer de citer les faits les plus analogues à
l’objet général de cet ouvrage , ne- verroit-on pas aisément
que les espèces aquatiques peuvent recevoir
d’une tête alongée, d’un museau pointu, d’un appendice
antérieur très - délié , en un mot d’un avant de