qu’un troisième os que l’on a découvert aussi dans l’anguille
et dans d’autres osseux dont nous traiterons avant
de terminer cet ouvrage, est situé dans le creux qui sert
de communication aux trois canaux demi-circulaires^ et
que la grande cavité qui comprend ces mêmes canaux I
est remplie d’une matière visqueuse, au milieu de
laquelle sont dispersés de petits corps sphériques auxquels
aboutissent des ramifications nerveuses.
De petits corps semblables sont attachés à la cervelle,
et aux principaux rameaux des nerfs.
Si delà considération de l’ouïe de la morue nous passons
à celle de ses organes digestifs, nous trouverons
qu’elle peut avaler dans un très-court espace de temps
une assez grande quantité d’alimens : elle a en effet un
estomac très-volumineux ; et l’on voit auprès du pylore
six appendices ou petits canaux branchus. Elle est très-
vorace ; elle se nourrit de poissons, de mollusques et de
crabes. Elle a des sucs digestifs si puissans et d’une
action si prompte, qu’en moins de six heures un petit
poisson peut être digéré en entier dans son canal intestinal.
De gros crabes y sont aussi bientôt réduits en
ehyle ; et avant qu’ils ne soient amenés à l’état de
bouillie épaisse , leur têt s’altère , rougit comme celui
des écrevisses que l’on met dans de l’eau bouillante, et
devient très-mou *.
La morue est même si goulue, qu’elle avale souvent
* .Voyez Y Histoire d* Islande > par Anderson,.
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des morceaux de bois ou d autres substances qui ne
peuvent pas servir à sa nourriture : mais elle jouit de
la faculté qu’ont reçue les squales, d’autres poissons
destructeurs, et les oiseaux de proie ; elle peut rejeter
facilement les corps qui l’incommodent.
L eau douce ne paroît pas lui convenir ; on ne la voit
jamais dans les fleuves ou les rivières : elle ne s’approche
même des rivages , au moins ordinairement, que dans
le temps du frai 3 pendant le reste de l’année, elle se tient
dans les profondeurs des mers, et par conséquent elle
doit être placéë parmi les véritables poissons pélagiens.1
Elle habite particulièrement dans la portion de l’Océan
septentrional comprise entre le quarantième degré de
latitude et le soixante-sixième : plus au nord ou plus au
sud, elle perd de" ses qualités ; et voilà pourquoi apparemment
elle ne doit pas être comptée parmi les poissons
de la Méditerranée, ou des autres mers intérieures,
dont l’entrée , plus rapprochée de l’équateur que le
quarantième degré, est située hors des plages qu’elle
fréquente.
On la pêche dans la Manche , et on la prend auprès
des côtes du Kamtschatka, vers le soixantième degfé * :
niais dans la vaste étendue de l’Océan boréal qu’occupe
cette espèce, on peut distinguer deux grands espaces
quelle semble préférer. Le premier de ces espaces
remarquables peut être conçu comme limité d’un côté
Voyage de Lesseps, du KanUschalka en France.
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