Dans plusieurs .pays de l’Europe, et notamment aux
environs de l’embouchure de la Seine, on prend les
anguilles avec des hai/ns ou hameçons; Les plus petites
sont attirées par des lombrics ou vers de terre , plus
que par toute autre amorce : on emploie contre les
plus grandes, des haims garnis dë moules, d’autres
animaux à coquilles , ou de jeunes éperlans. Lorsqu’on
pêche les anguilles pendant la nuit, on se sert d’un
filet nommé ieine drue, et pour la description duquel
nous renvoyons le lecteur à l’article de la raie bouclée.
On substitue quelquefois à cette seine un autre filet
appelé, dans la rivière de Seine, dranguel, ou dranguet
dru, dont les mailles sont encore plus serrées que celles
fie la seine drue; et le citoyen Noël nous fait observer,
dans.une note qu’il nous a adressée, que c’est par une
suite de cette substitution , et parce qu’en général on
exécute mal les lois relatives à la police des pêches, que
■ les pêcheurs de la Seine détruisent une grande quantité
d’anguilles du premier âge et qui n’ont encore atteint
qu’une longueur d’un ou deux décimètres, pendant
qu’ils prennent, peut-être plus inutilement encore, dans
ce même dranguet, beaucoup de frai de barbeau, de
vaudoise, de brème, et d’autres poissons recherchés.
Mais l’usage de ce filet à mailles très-serrées n’est pas
la seule cause contraire à l’avantageuse reproduction,
ou, pour mieux dire, à l’accroissement convenable des
anguilles dans la Seins : le citoyen Noël nous en fait
remarquer deux autres dans la note que nous venons
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de citer. Premièrement, les pêcheurs de cette rivière
ont recours quelquefois, pour la pêche de ces murènes,
à la v en ni!le, sorte de corde garnie de vers, à laquelle
les très-jeunes individus de cette espèce viennent s’attacher
très-fortement, et par le moyen de laquelle on
enlève des milliers de ces petits animaux. Secondement,
les.fossés qui communiquent avec la basse Seine, ont
assez peu de pente pour que les petites anguilles ^poussées
par le flux dans ces fossés > y restant à sec lorsque
la marée se retire , et y périssent en nombre extrêmement
considérable, par l’effet de la grande chaleur dq
soleil de prairial.
Au reste H c’est le plus souvent depuis le commencement
du printemps jusque vers la fin de l’automne ,
qu on peche les murènes anguilles avec facilité. On a
communément assez de peine à les prendre au milieu,
de 1 hiver, au moins à des latitudes un peu élevées:
elles se cachent, pendant cette saison, ou dans les terriers
qu’elles se sont creusés, ou dans quelques autres
asyles à peu près semblables. Elles se réunissent même
en assez grand nombre, se serrent de très-près, et
s’amoncellent dans ces retraites, où il paroît quelles
s’engourdissent lorsque le froid est rigoureux. On en
a quelquefois trouvé cent quatre-vingts dans un trou
de.quarante décimètres cubes; et le citoyen .Noël nous
mande qu a Aisiey près de Quillebeuf, on en prend
souvent, pendant l’hiver, de très-grandes quantités, en
fouillant dans le sable, entre les pierres du rivage. Si
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