l’on présente à ces scombres pour les prendre à la ligne :
de petits poissons réels, ou des portions de poissons
assez grands, sont souvent employés pour garnir les
haims. On proportionne d’ailleurs la grandeur de ces
haims, ainsi que la grosseur des cordes ou des lignes,
aux dimensions et à la force des thons que l’on s’attend
à rencontrer; et de plus, en se servant de ces haitns et
de ces lignes , on cherche à prendre ces animaux de diverses
manières, suivant les différentes circonstances
dans lesquelles on se trouve : on les prend au doigt1,
à la canne ', au libouret1 2 3, au grand couple 4.
1 On nomme pèche au doigt celle qui se fait avec une ligne simple non
suspendue à une perche.
2 On dit que l ’on pêche à la canne, ou à la cannette , lorsqu’ on se sert
d’ une canne, ou perche déliée, aubout de laquelle on a empilé un kaim,
c ’est-à-dire, attaché la ligne, etc.
3 Le libouret est un instrument composé d’ une corde.ou ligne principale,
à l’extrémité de laquelle est suspendu un poids de plomb. La corde passe
au travers d’un morceau de bois d’une certaine longueur , nommé avalelte.
Ce morceau de bois est percé dans un de ses bouts, de manière à pouvoir
tourner librement autour de la corde. Cette avalette est d’ailleurs maintenue,
à une petite distance du plomb, par deux noeuds que l’on fait à la
corde, l’un au-dessous et l ’autre au-dessus de ce morceau de bois. Au
bout de l’aValette, opposé à celui que la corde traverse, on attache une
ligne garnie de plusieurs empiles ou petites lignes * qui portent des haims ,.
et qui sont de différentes longueurs , pour ne point s’embarrasser les unes
dans les autres. Cet instrument sert communément pour les pêches sédentaires,
le poids de plomb portant toujours sur* lé fond de là mer ou''dés
rivières.
- 4 Un couple est un fil de fer un peu courbé, dont chaque tout porte
* Y/jyez, dans l’ article de la raie bouclée3 la définition d’une empile.
Mais parlons rapidement de procédés plus compliqués
dont se composent les pêches des scombres-thons
faites de concert par un grand nombre de marins,
Exposons d abord celle qui a lieu avec des thonnaircs;
nous nous occuperons un instant, ensuite, de celle pour
laquelle pn construit des madragues.
On donne le nom de ihonnaire ou tonnaire à une enceinte
de filets que l’on forme promptement dans la
mer pour arrêter les thons au moment de leur passage.
On a eu pendant long-temps recours à ce genre d'industrie
auprès de Collioure, où on le pratiquoit, et où
peut-être on le pratique encore, chaque année, depuis
le mois de prairial jusqu’au commencement de celui
de vendémiaire. Pour favoriser la prise des thons, les
habitans de Collioure entretenoient, pendant la belle
saison, deux hommes expérimentés qui , du haut
de deux promontoires , observoient l’arrivée de ces
scombres vers la côte. Dès qu’ils appercevoient de loin'
ces poissons qui s’avançoient par bandes de deux ou
trois mille, ils en avertissoient les pêcheurs en déployant
un pavillon , par le moyen duquel ils indi-
quoieut de plus l’endroit où ces animaux alloient
aborder. A la vue de ce pavillon, de grands cris de
joie se faisoient entendre , et aunouçoient l’approche
d une pêche dont les résultats importants étoient touiine
/’/A; ,ou empile, ou petite ligne garnie de haims , et qui est suspendu
par le milieu à une ligne principale assez longue, et tenue par des pêcheurs,
dont la barque va à la voile.