LE SQUALE P O I N T I L L É *.
C ’e s t le citoyen Leblond, voyageur naturaliste, qui
nous a fait parvenir de l’Amérique méridionale un
individu de cette espèce. Ce squale pointillé habite,
comme la raie tuberculée, les mers voisines de la
Guiane. Ce cartilagineux a une nageoire de l’anus, et
n’a point d’évents. Il appartient donc au premier sous-
genre des squales ; et il est aisé de voir par ce que nous
allons dire de sa forme extérieure, combien il diffère
des espèces déjà comprises dans ce sous-genre, où il
faudra le placer entre le squale très-grand et le squale
glauque.
Sa tête est déprimée, et très-arrondie par-devant;
ses dents sont conformées comme celles du squale
roussette ; on voit de chaque côté cinq ouvertures
branchiales ; les nageoires pectorales sont assez grandes,
et la partie antérieure de leur base est presque aussi
avancée vers le museau que la troisième ouverture des
branchies. Les nageoires ventrales sont séparées l’une
de l’autre ; la première nageoire dorsale est placée au-
dessus des ventrales, la seconde plus près de la tête
que celle de l’anus, et le lobe inférieur de la caudale,
très-échancré.
Squalus punctulatns,
On voit un roux uniforme sur le dessus du corps et
de la queue ; et la partie inférieure de l’animal présente
un fauve plus foncé, parsemé de petits points blancs,
qui nous ont indiqué le nom que nous avons cru devoir
pi-éférer pour ce cartilagineux.
Au reste, nous devons prévenir que de chaque côté
de la tete, et auprès de l’endroit où un évent auroit pu
avoir une ouverture , nous avons apperçu une dépression
presque imperceptible, qui, malgré un examen
attentif, ne nous a montré aucun orifice, mais que
Ion voudrait peut-être considérer comme l’extrémité
d’un évent proprement dit. Nous ne croyons pas que
Ion dut adopter cette opinion, dont nous ne pouvons
pas cependant démontrer le peu de fondement, parce
que le citoyen Leblond n’a envoyé au Muséum national
d’histoire naturelle qu’une simple dépouille d’un
squale pointillé. Mais quand bien même le cartilagineux
que nous venons de décrire, auroit des évents ,
et qu’il fallût le transporter, si je puis m’exprimer
ainsi, du premier sous-genre dans le second, il n’en
appartiendroit pas moins à une espèce encore inconnue
aux naturalistes. Il faudrait l’inscrire après le
squale isabelle, avec lequel il auroit des rapports d’autant
plus grands, que la première nageoire dorsale
de l’isabelle s’élève, comme celle du pointillé, au-
dessus des ventrales. Il différerait néanmoins de ce
même poisson, en ce que les ouvertures des évents de
l ’isabelle sont très - grandes, pendant que celles du
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