celle de la morue à la philosophie attentive et bienfaisante
qui médite sur la prospérité des peuples.
L’homme a élevé le cheval pour la guerre , le boeuf
pour le travail, la brebis pour l’industrie , l’éléphant
pour la pompe, le chameau pour l’aider à traverser les.
déserts, le dogue pour sa garde, le chien courant pour
la chasse , le barbet pour le sentiment, la poule pour
sa table, le cormoran pour la pêche , l’aigrette pour sa
parure, le serin pour ses plaisirs , l-’abeille pour remplacer
le jour ; il a donné la morue au commerce maritime
; et en répandant par ce seul bienfait une nouvelle
vie sur un des grands objets de la pensée, du courage
et d’une noble ambition, il a doublé les liens fraternels
qui unissoient les différentes parties du globe.
Dans toutes les contrées de l’Europe, et dans presque
toutes celles de l’Amérique, il est bien peu de personnes
qui ne connoissent le nom de la morue, la bonté de
Son goût, la nature de ses muscles , et les qualités qui
distinguent sa chair suivant les diverses opérations que
ce gade a subies r mais combien d’hommes n’ont aucune
Cabliau-. Slrom. sondm. 3i j .
Callarias sordidè olivaceus, maculis flàvicantibus yariîs, etc. Klein*.
Miss, pisc. 5 , p. 5 r 7i. i .
Morue. Camper3 Mémoires des savans étrangers, 6 , p. 79..
Pennant3 Prit. Zoolog. 3, p. 172 > n‘ 7^m
Morue franche. Duhamel3 Traité des prêches 3 seconde partie3 première
section, chap. 1 .
Morue. Valmont-Bomare3 Dictionnaire d'histoire naturelle-
Gadus morhua. Ascagneeah. 3 , p .ô 7/pl. 27.
idée précise de la forme extérieure, des organes intérieurs
, des habitudes de cet animal fécond, ni des
diverses précautions que l’on a imaginées pour le
pêcher avec facilité ! et parmi ceux qui s’occupent avec
le plus d’assiduité d’étudier ou de régler les rapports
politiques des nations, d’augmenter leurs moyens de
subsistance , d’accroître leur population, de multiplier
leurs objets d’échange , dé créer ou de ranimer leur
marine ; parmi ceux même qui ont consacré leur existence
aux voyages de long cours , ou aux vastes spéculations
commerciales, n’e s t-il pas plusieurs esprits
élevés et très-instruits, aux yeux desquels cependant
une histoire bien faite du gade morue dévoilerait des
faits importans pour le sujet de leurs estimables méditations
?
Aristote , Pline, ni aucun des anciens historiens de
la Nature, n’ont connu le gade morue : mais les naturalistes
récens , les voyageurs, les pêcheurs, les préparateurs
, les marins, les commerçans , presque tous
les habitans des rivages, et même de l’intérieur des
terres de l’Europe ainsi que de l’Amérique, particulièrement
de l’Amérique et de l’Europe septentrionales, se
sont occupés si fréquemment ét sous tant de rapports
de ce poisson ; ils l’ont vu , si je puis employer cette
èxpression, sous tant de faces et sous tant de formes,
qu’ils ont dû nécessairement donner à cet aninîal
un très-grand nombre de dénominations différentes.
Néanmoins sous ces divers noms, aussi-bien que sous