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gai par des circonstances extraordinaires, et qu’on a
bien choisi le rivage ou le banc, quatre hommes suffisent
pour prendre par jour cinq ou six cents morues.
L’usage le plus généralement suivi sur le grand banc,
est que chaque pêcheur établi dans un baril dont les
bords sont garnis d’un bourrelet de paille, laisse plus
nu moins filer sa ligne , en raison de la profondeur de
l’eau, de la force du courant, de la vitesse de la dérive,
et fasse suivre à cette corde les mouvemens du vaisseau,
en la traînant sur le fond contre lequel elle est retenue
par le poids de plomb dont elle est lestée. Néanmoins
d’autres marins halent ou retirent de temps en temps
leur ligne de quelques mètres, et la laissent ensuite
retomber tout-à-coup, pour empêcher les morues de
flairer les appâts et de les éviter, et pour leur faire
plus d’illusion par les divers tournoiemens de ces mêmes
appâts, qui dès-lors ont plus de rapports avec leur proie
Ordinaire.
Les morues devant être consommées à des distances
immenses du lieu où on les pêche, on a été obligé
d’emplojer divers mojens propres à garantir de toute
altération leur chair pt plusieurs autres de leurs parties.
Ces moyens se réduisent à les faire saler ou sécher.
Ces opérations sont souvent exécutées parles pêcheurs,
sur les vaisseaux qui les ont amenés ; et on imagine
bien, sur-tout d’après ce que nous avons déjà dit,
qu’afin de ne rien perdre de la durée ni des objets du
yoyage, on a établi sur ces bâtimens le plus grand ordre
dans la disposition du local, dans la succession des procédés,
et dans la distribution des travaux entre plusieurs
personnes dont chacune n’est jamais chargée que des
mêmes détails.
Les mêmes arrangemens ont lieu sur la côte, mais
avec de bien plus grands avantages, lorsque les marins
occupés de la pêche des morues ont à ferre, comme
les Anglois, des établissemens plus ou moins commodes,
et dans lesquels on est garanti des effets nuisibles
que peuvent produire les vicissitudes de l’atmosphère.
Mais soit a terre, soit sur les vaisseaux, on commence
ordinairement toutes les préparations de la
morue par détacher la langue et couper la tête de
1 animal. Lorsqu’ensuite on veut saler ce gade, on
1 ouvré dans sa partie inférieure -, on met à part le
foie ; et si c’est une femelle qu’on a prise; on ôte les
oeufs de 1 intérieur du poisson : on habille ensuite la
morue, c est-à-dire, en termes de pêcheur, on achève de
1 ouvrir depuis la gorge jusqu’à l’anus , que les marins
nomment nombril, et on sépare des muscles , dans cette
etendue, la colonne vertébrale, ce qu’on nomme désos~
ser la morue.
Pour mettre les gades dont nous nous occupons, dans
leur premier sel, on remplit, le plus qu’on peut, l’intérieur
de leur corps de sel marin , ou muriate de
soude; on en frotte leur peau ; on les range par lits
dans un endroit particulier de l’établissement construit
T O M E n .