céleste , art enchanteur de la musique , toi qui charmes
les veux , et toi qui émeus si profondément les coeurs-
sensibles, ces deux noms ingénieusement assortis renouvellent,
pour ainsi dire , en la retraçant à la mémoire ,
votre douce mais irrésistible puissance. Vous que la
plus aimable des mjthologies fit naître du sein des flots
azurés ou sur des rives fortunées, qui près des poétiques
rivages de la Grèce héroïque formâtes une alliance si
heureuse, confondîtes vos myrtes avec vos lauriers,
et échangeâtes vos couronnes , que vos images riantes
embellissent à jamais les tableaux des peintres de la
nature r béni soit celui qui, par deux noms adroitement
rapprochés., associa vos emblèmes comme- vos deux
pouvoirs magiques avoieirt été réunis r et qui ne voulut
pas qu’un des plus beaux habitans d’une mer témoin de
votre double origine pût exposer aux regards du naturaliste
attentif ses couleurs brillantes, ni l’espèce de
lyre qui paroît s’élever sur son dos, sans ramener
l ’imagination séduite et vers le dieu des arts, et vers la
divinité qui les anime et dont le berceau fut placé sur
les ondes! Non, nous ne voudrons pas séparer deux
noms dont l’union- est d’ailleurs consacrée par le genie;
nous ne ferons pas de vains efforts pour empêcher les
amis de la science de l’être aussi des grâces; nous ne
croirons pas qu’une sévérité inutile doive repousser avec
austérité des sentimens consolateurs ; et si nous devons
chercher à dissiper les nuages que l’ignorance et 1 erreur
ont rassemblés devant la Nature , à déchirer ces voiles
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ridicules et surchargés d’ornemens étrangers dont la
main mal-adroite d’un mauvais goût froidement imitateur
a entouré le sanctuaire de cette Nature si admirable
et si féconde , nous n’oublierons pas que nous ne
pouvons la eonnoître telle qu’elle est, qu’en ne blessant
aucun de ses attraits.
Nous dirons donc toujours callionyme lyre. Mais
voyons ce qui a mérité au poisson que nous allons examiner,
l’espèce de consécration qu’on en a faite , lorsqu’on
lui a donné la dénomination remarquable que
nous lui conservons.
Nous avons sous les yeux l’un des premiers poissons
jugulaires que nous avons cru devoir placer sur. notre
tableau ; et déjà nous pouvons voir des traits très-prononcés
de ces formes qui attireront souvent notre attention
, lorsque nous décrirons les osseux thoracins et les
osseux abdominaux. Mais à des proportions particulières
dans la tête, à des nageoires élevées ou prolongées, à
despiquans plus ou moins nombreux, les callionymes,
et sur-tout la lyre, réunissent un corps et une queue
encore un peu serpentiformes , et une peau dénuée
d’écailles facilement visibles. Ils montrent un grand
nombre de titres de parenté avec les apodes que
nous venons d’étudier.
Et si de ce coup d’oeil général nous passons à des
considérations plus précises, nous trouverons que la
tête est plus large que le corps , très-peu convexe pardessus
, et plus aplatie encore par-dessous. Les yeujç