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assez de charmes secrets pour être généralement
maintenue par les naturalistes. Quelles sont cependant
ces légères apparences qui ont introduit ce mot hippocampe,
et d’abord quels sont les traits de la conformation
extérieure du syngnathe dont nous nous occupons,
qui ont réveillé l’idée du cheval, à linstant ou
on a vu ce cartilagineux ? Une tête un peu grosse ; la
partie antérieure du corps, plus étroite que la tête et
le corps proprement dit ; ce même corps plus gros que
la queue, qui se recourbe; une nageoire dorsale dans
laquelle on a trouvé de la ressemblance avec une
selle; et de petits filamens qui, garnissant l’extrémité
de tubercules placés sur la tête et le devant du corps,
ont paru former une petite crinière : tels sont les rapports
éloignés qui ont fait penser au cheval ceux qui
oiit examiné un hippocampe, pendant:que ces mêmes
filamens, ainsi que les anneaux qui revêtent ce cartilagineux,
comme ils recouvrent les autres syngnathes,
l ’ont fait rapporter aux chenilles à anneaux hérissés de
bouquets de poil.
Mais, en écartant ces deux idées trop étrangères de
chenille et de cheval , déterminons ce qui différencie
l’hippocampe d’avec'les autres poissons de sa:famille.
Il parvient ordinairement à la longueur de trois ou
quatre décimètres, on d’environ un pied. Ses yeux sont
gros, argentés et brillans. Les anneaux qui l’enveloppent
sont à sept pans sur le corps, et à quatre pans sur la:
queue: chacun deces pans; qui quelquefois sont très-peu
Sensibles, est ordinairement indiqué par un tubercule
garni le plus souvent d’une petite houppe de filamens
déliés. Ces tubercules sont communément plus gros
au dessus de la tête, et l’on en voit particulièrement
cinq d’assez grands au dessus des yeux. On compte
treize anneaux à l’étui qui enveloppe le corps, et de
trente-cinq à trente-huit à celui qui renferme la queue,
laquelle est armée, de chaque côté, de trois aiguillons,
de deux en haut et d’un en bas. Au reste, ce nombre
d’anneaux varie beaucoup, au moins suivant les mers
dan* lesquelles on trouve l’hippocampe.
Les couleurs de ce poisson sont aussi très-sujettes
à varier, suivant les pays et même suivant les individus.
Il est ou d’un livide plombé, ou brun, ou nôirâtre, ou
verdâtre; et quelque nuance qu’il présente , il est quelquefois
orné de petites raies ou de petits points blancs
ou noirs *.
Les branchies de l’hippocampe ont été mal vues par
un grand nombre de naturalistes ; et leur petitesse
peut avoir aisément induit en erreur sur leur forme.
Mais je me suis assuré par plusieurs observations,
qu’elles étoient frangées sur deux bords, et semblables,
* Il y a à la membrane des branchies 2 rayons,
à chacune des nageoires pectorales 9
(On en a compté 18, parce que chaque
rayon se divise en deux, presque dès son
origine.)
à celle de la queue
à celle de l’anus
de. 16 à 20
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