d une torpille anéantit l’électricité ou la force torpori-
fique de ce cartilagineux, lors même qu’il paroît encore
aussi plein de _vie qu’avant d’avoir subi cette opération
, pendant qu’en arrachant le coeur de cette raie,
on ne la prive pas, avant un temps plus ou moins long,
de la faculté de faire éprouver des commotions et des
tremblemens '?
Au reste, ne perdons jamais de vue que si nous ne
voyons pas de mammifère, de cétacée, d’oiseau, de quadrupède
ovipare, ni de serpent, doué de cette faculté
électrique ou engourdissante , que l’on a déjà bien
constatée au moins dans deux poissons cartilagineux et
dans trois poissons osseux, c’est parce qu’il faut, pour
donner naissance à cette faculté , et l’abondance d’un
fluide ou d’un principe quelconque que les nerfs
paroissent posséder et fournir, et un ou plusieurs
instrumens organisés de manière à présenter une très-
grande surface, capables par conséquent d’agir avec
efficacité sur des fluides voisins“, et composés d’ailleurs
d’une substance peu conductrice d’électricité, telle par
exemple que des matières visqueuses, huileuses et
résineuses. Or, de tous les animaux qui ont un sang *
* Mémoires de Gahani, Bologne, 1797;
* J’ai publié en 1781, que l’on devoit déduire l’explication du plus-grand
nombre de phénomènes électriques, de l’accroissement que produit dans
1 affinité que les corps exercent sur les fluides qui les environnent, la division
de ces mêmes corps en plusieurs parties, et par conséquent l’augmentation
de leur surface.
rouge et des vertèbres, aucun, tout égal d’ailleurs, ne
présente, comme les poissons, une quantité plus ou
moins grande d’huile et de liqueurs gluantes et visqueuses.
On remarque sur-tout dans le gymnote engourdissant,
une très-grande abondance de cette matière
huileuse, de cette substance non conductrice, ainsi
que nous l’avons déjà observé. Cette onctuosité est
très-sensible, même sur la membrane qui sépare de
chaque côté le grand organe du petit; et voilà pourquoi,
indépendamment de l’étendue de la surface de
ses organes torporifiques, bien supérieure à celle des
organes analogues de la torpille, il paroît posséder
une plus grande vertu électrique que cette dernière.'
D’ailleurs il habite un climat plus chaud que celui de
cette raie, et par conséquent dans lequel toutes les
combinaisons et toutes les décompositions intérieures
peuvent s’opérer avec plus de vitesse et de facilité : et
de plus, quelle différence entre la fréquence et l’agilité
des évolutions du gymnote, et la nature ainsi que le
nombre des mouvemens ordinaires de la torpille !
Mais si les poissons sont organisés d’une manière
plus favorable que les autres animaux à vertèbres et à
sang rouge , relativement à la puissance d ebranler et
d’engourdir, étant doués d’une très-grande irritabilité,
ils doivent être aussi beaucoup plus sensibles à tous les
effets électriques, beaucoup plus soumis au pouvoir
des animaux torporifiques, et par conséquent plus