343 à 27. Leur grandeur a donc été réduite au douzième
au moins de son état primitif. Une réduction
plus frappante encore a été opérée dans 1 espece de
la roussette, puisque nous avons donné les moyens de
voir que des dents de ce squale , découvertes dans des-
couches plus ou moins profondes du globe , dévoient
avoir appartenu à des* individus d un volume dix-neuf
cent cinquante-trois fois plus grand que celui des roussettes
qui infestent maintenant les rivages de l’Europe;
Et relativement à ces deux exemples des altérations
dans les dimensions que peuveut offrir les espèces
d’animaux, nous avons deux considérations à proposer.
Premièrement, la diminution subie par la roussette a
été à proportion 166 fois plus grande que celle du
requin, et cependant, au point où cette dégradation
a commencé, le volume du requin n’étoit pas trois fois
plus considérable que celui de la roussette. Il est a
présumer que s i, à eette époque , il avoit été six ou
huit fois supérieur, la modification imposée à la roussette
auroit été plus grande encore, proportionnellement
à celle du requin. En général, on ne sauroit
faire trop d’attention à un principe très-important,
que nous ne cesserons de rappeler <i les forces de la'
Nature , celles qui détruisent comme celles qui produisent
, celles qui troublent comme celles qui maintiennent
, agissent très-souvent, et tout égal d ailleurs r
en raison des surfaces, soit extérieures, soit intérieures ,
des corps quelles attaquent ou régissent; mais tout'le
monde sait que plus les corps sont petits, et plus à
proportion leurs surfaces sont étendues. Il ne faut
donc pas être étonné de voir les grands volumes opposer
une résistance bien plus longue proportionnellement
que celle des petits, aux causes qui tendent à
restreindre leurs dimensions dgns des limites plus rapprochées.
Secondement, il est curieux d’observer que les
deux espèces qui ont perdu, l’une les onze douzièmes,
et l’autre une portion bien plus étonnante encore de
ses dimensions primitives, sont des especes marines,
et par conséquent ont dû être exposées à un nombre
de causes altérantes d’autant moins grand, que la
température et la nature des eaux des fleuves sont bien
plus variables que celles de l’océan, et que, s’il faut
admettre les conjectures les plus généralement adoptées
, toutes les espèces de poissons ayant commencé
par appartenir à la mer, les fluviatiles ont été exposées
à une sorte de crise assez forte et à des changemens
très-marqués, lorsqu’elles ont abandonné les eaux salées
pour aller séjourner au milieu des eaux douces.
Les exemples des proportions changées et des formes
altérées, soustraites ou introduites dans une espèce, à
mesure qu’elle se dégradé et s avance vers le terme de
sa durée, peuvent être saisis avec facilité dans les diverses
empreintes qu’ont laissées des individus de dif-
férens genres, enfouis par des catastrophes subites.
Il n’en est pas de même de la sixième-et de la septième
modification générale : des hasards tres-rares