bien même la nature, la forme, le volume et la position
des muscles caudaux leur donneroient a proportion la
même force dans le loup et dans les xiphias, cet
anarhique devroit s’avancer, tout égal d ailleurs , avec
moins de rapidité que ces derniers , parce que sa tête
assez grosse , arrondie et relevée , doit fendre leau de
la mer avec moins de facilité que le glaive mince et
étroit des xiphias?
Quoi qu’il en soit de la force delà queue du loup,,
celle de sa têtè est si considérable , et ses dents sont si
puissantes , qu’on ne le pêche dans beaucoup d endroits-
qu’avec des précautions particulières. Dans la mer dO-
kotsk , auprès du Kamtsehatka, vers le cinquante-troisième
degré de latitude, on cherche à prendre le loup
avec des seines eu filets faits de lanières de cuir, et par
conséquent plus propres à résister à ses efforts. Dans
ce même Kamtsehatka, le célèbre voyageur Steller a
vu un individu de cette espèce que l’on venoit de pêcher
, irrité de ses blessures et de sa captivité T saisir
avec fureur et briser comme un verre une sorte de-
coutelas avec lequel on. voidoit achever de le tuer, et
mordre avec rage des bâtons et des morceaux de bois-
dont on se servoit pour le frapper-
Au reste-, on va avec d’autant plus de constance a la
poursuite du loup, qu’il peut fournir une grande quantité
d’aliment, et que- sa chair, suivant Ascagne, est,-
dans certaines circonstances, aussi bonne que celle de
l’anguille. Les habitans du Groenland le pêchent aussi
pour sa peau, qui leur sert à faire des bourses et quelques
autres ustensiles.
Le loup a été nommé empaudine, parce qu’on a regardé
comme provenant de cet animal, de petits corps
fossiles, connus depuis long-temps sous le nom de bufo-
nites ou de crapaudines. Ces bufonites ont reçu la dénomination
qu’on leur a donnée dès les premiers mo-
mens où l’on s’en est occupé, à cause de l’origine qu’on
leur a dès-lors attribuée. On a supposé que ces petits
corps étoient des pierres sorties de la tête d’un crapaud,
en latin bufo. Ils sont d’une forme plus ou moins connexe
d’un côté, planes ou concaves de l’autre, d’une
figure quelquefois régulière et quelquefois irrégulière,
et communément gris ou bruns , ou roux, ou d’un
rouge noirâtre. Par une suite de la fausse opinion qu’on
.avoit adoptée sur leur nature, on les a considérés pendant
quelque temps comme des pierres fines du second
■ ordre : mais lorsque l’histoire naturelle a eu fait de plus;
grands progrès , on s’est bientôt apperçu que ces prétendues
pierres fines n’étoient que des dents de poisson
pétrifiées, et presque toujours des molaires. Les uns les
-ont regardées comme des dents d’anarhique, d’autres
comme des dents du spare dorade , d’autres comme des
dents de poissons osseux différens de la dorade et de
'l’anarhique. Ils ont tous eu raison, en ce sens qu’on
doit rapporter ces fossiles à plusieurs espèces de poissons
, très-peu semblables l’une à l’autre ; et telle a été
l’opinion de Wallérius. La plus grande partie de ces