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courage habituel, l’audace qu’ils montrent dans certains
dangers , la frayeur que leur inspirent cependant
quelques objets , la périodicité d’une partie de leu-rs
courses , l’irrégularité de plusieurs de leurs voyages et
pour les temps et pour les lieux, la durée de leurs migrations,
et la facilité de traverser d’immenses portions
de la mer, qu’on a très-bien choisi les époques, les
endroits et les moyens les plus propres à procurer une
pêche abondante des scombres qui nous occupent dans
ce moment.
En effet, on peut dire, en général, qu’on trouve le
thon dans presque toutes les mers chaudes ou tempérées
de l’Europe, de l’Asie , de l’Afrique et de l’Amérique;
mais on ne rencontre pas un égal nombre d’individus
de cette espèce dans toutes les saisons , ni dans
toutes les portions des mers qu’ils fréquentent. Depuis
l'es siècles les plus reculés de ceux dont l’histoire nous
a transmis le souvenir, on a choisi certaines plages et
certaines époques de l’année pour la recherche des
thons. Pline dit qu’on ne pêchoit ces scombres dans
l ’Hellespont, la Propontide et le Pont-Euxin, que depuis
le commencement du printemps jusque vers la fin
de l’automne. Du temps de Rondelet, c’est-à-dire, vers
le milieu du seizième siècle, c’étoit au printemps,. en
automne-, et quelquefois pendant Tété, qu’on prenoit
une grande quantité de thons près des côtes d’Espagne,
et particulièrement vers le détroit de Gibraltar *. On *
* Oa a quelquefois pris un assez grand nombre de thons auprès de Conil,
s occupe de la pèche de ces animaux sur plusieurs
rivages de France et d’Espagne voisins de l’extrémité
occidentale de la chaîne des Pyrénées, depuis les premiers
jours de floréal jusqu’en brumaire; et on regarde
comme assez assuré sur les autres parties du territoire
françois qui sont baignées par l’Océan, que l’arrivée
des maquereaux annonce celle des thons, qui les poursuivent
pour les dévorer.
Ces derniers scombres montrent en effet une si
grande avidité pour les maquereaux , qu’il suffit, pour
les attirer dans un piège, de leur présenter un leurre
qui en imite grossièrement la forme. Ils se jettent avec
la même voracité sur plusieurs autres poissons, et particulièrement
sur les sardines ; et voilà pourquoi une
image même très-imparfaite d’un dé ces derniers animaux
est, entre les mains des marins, un appât qui entraîne
les thons avec facilité. On s’est servi de ce moyen
avec beaucoup d avantage dans plusieurs parages, et
principalement auprès de Bayonne, où un bateau allant
a la voile traînoit des lignes dont les haims étoient
recouverts d’un morceau de linge, ou d’un petit sac de
toile en forme dê sardine, et ramenoit ordinairement
plus de cent cinquante thons.
Mais ce n’est pas toujours une vaine apparence que
Tillage voisin de Cadix, pour qu’on ait écrit que la pêche de ces animaux
donnoitau duc -je Medio. Sidonia un revenu de 80)oo0 ducats. Voyez
d 3o8 Sflgj WPË de SI m° " °ébfrére p» «39.0 troisième ed ition ,, ,e cil° ï en Guys7, tome i 9f