autres poissons osseux qu’il nous reste à examiner. En
effet, ils n’en ont ni sur le dos, ni au bout de la queue;
et c’est ce dénuement, cette espèce de nudité de leur
dos, qui leur a fait donner le nom qu’ils portent, et qui
vient du mot grec y\i^.vojoç, dos nud.
L’ensemble du corps et de la queue des gymnotes
est, comme dans les poissons osseux que nous avons
déjà fait connoître, très-alongé, presque cylindrique,
€t serpentiforme. Les jeux sont voilés par une membrane
qui n’est qu’une continuation du tégument le
plus extérieur de la tête. Les opercules des branchies
sont très - grands ; on compte ordinairement
cinq rajons à la membrane branchiale. Le corps
proprement dit est très-court, souvent un peu comprimé,
et quelquefois terminé par-dessous en forme
de carène : l’anus est par conséquent très-près de la
tête. Et comme cependant, ainsi que nous venons de
le dire, l’ensemble de l’animal, dans le genre des
gjmnotes, forme une sorte de long cjlindre, on voit
facilement que la queue proprement dite de tous ces
poissons doit être extrêmementlonguerelativementaux
autres parties du corps. Le dessous de cette portion est
ordinairement garni, presque dans la totalité de sa longueur,
d’une nageoire d’autant plus remarquable , que
non seulement elle s’étend sur une ligne très-étendue,
mais qu’elle offre même une largeur assez considérable.
De plus,les muscles dans lesquels s’insèrent les ailerons
osseux auxquels sont attachés les nombreux rajons qui
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la composent, et les autres muscles très-multipliés qui
sont destinés à mouvoir ces rajons, sont conformés et
disposés de manière qu’ils représentent comme une
seconde nageoire de l’anus, placée entre la véritable et
la queue très-prolongée du poisson, ou, pour mieux
dire, qu ils paroissent augmenter de beaucoup, et souvent
même du double, la largeur de la nageoire de
l ’anus.
Tels sont les traits généraux de tous les vrais gjmnotes
: quelles sont les formes qui distinguent celui que
l ’on a nommé électrique?
Cette épithète A'électrique a déjà été donnée à cinq
poissons d’espèces très-différentes : à deux cartilagineux
et à trois osseux; à la raie torpille , ainsi qu’à un
tétrodon dont nous avons déjà parlé ; à un trichiure, à
un silure, et au gjmnote que nous décrivons. Mais c’est
celui dont nous nous occupons dans cet article, qui a
le plus frappé l’imagination du vulgaire, excité l’admiration
des vojageurs, et étonné le phjsicien. Quelle
a dû être en effet la surprise des premiers observateurs
lorsqu’ils ont vu un poisson en apparence assez foible,
assez semblable, d’après le premier coup d’oeil, à une
anguille ou à un congre, arrêter soudain, et malgré
d’assez grandes distances, la poursuite de son ennemi
ou la fuite de sa proie, suspendre à l’instant tous les
mouvemens de sa victime, la domter par un pouvoir
aussi invisible qu’irrésistible, l’immoler avec la rapidité
de l’éclair au travers d’un très-large intervalle, les