peuvent seuls conserver des individus dans un tel
état d’intégrité, ou de destruction commencée et de
dissection naturelle , qu’on puisse reconnoître la forme
de leurs organes intérieurs , et celle des- parties de
leur corps dans lesquelles résidoient les sens dont ils
avoient été doués.
Il est encore plus difficile de remonter à la connois-
sance des qualités, de la for-ce , des habitudes , des
moeurs qui distinguoient une espèce à une époque
plus ou moins enfoncée dans les âges écoulés. Ces
propriétés ne sont que des résultats dont l’existence
peut sans doute être l’objet de conjectures plus ou
moins vraisemblables , inspirées par l’inspection des
formes qui les ont produi tsmais sur la nature desquels
nous n’avons cependant de notions précises que
lorsque- des observateurs habiles ont recueilli ces
notions et les ont transmises avec fidélité;.
La détermination des endroits dans lesquels habitoit
une espèce dans les temps.anciens , est au contraire
plus facile que celle de toutes les modifications dont
nous venons de parler. Les tracés que des individus
laissent de leur existence r doivent être distinctes
jusqu’à un certain degré r pour qu’on puisse, en les examinant,
reconnoître dans leurs détails les dimensions
et les formes de ces individus ; mais un très-foible
vestige suffit pour constater la place où ils ont péri r
et par conséquent celle où ils avoient vécu.
Cette douzième modification des espèces , cette limi.-
tation de leur séjour à telle ou telle portion de la
surface de la terre , peut être liée avec une ou plusieurs
dés autres altérations dont nous avons tâché d’exposer
l’ordre ; et elle peut en être indépendante. Il en
résulte premièrement des espèces altérées dans leurs
qualités , dans leurs formes ou dans leurs dimensions ,
et reléguées, dans telle ou telle contrée ; secondement
des espèces modifiées trop peu profondément dans leur
Conformation , pour que leurs propriétés aient éprouvé
un changement sensible , non altérées même dans leurs
formes ou dans leurs dimensions, et cependant confinées
sous tel ou tel climat ; et troisièmement , des
espèces dégradées dans leurs qualités , ou seulement
dans leurs formes, mais habitant encore dans les mêmes
parties du globe qu’avant le temps où leur métamoi'-
phose navoit pas commencé;
' Nous avons assez parlé de ces dernières;
Quant aux autres espèces , combien ne pourrions-
nous pas en citer! Ici les exemples nous environnent.
Le seul mont volcanique de Bolca, auprès de Verone ,
a déjà montré sur ses couches entrouvertes , des frag-
inens très-bien conservés et très-reconnoissables d’une
ou deux raies, de deux gobies , et de plusieurs auties
poissons qui ne vivent aujourd’hui que dans les mers
de l’Asie, de l’Afrique , ou deTAmérique méridionale,
dont plusieurs traits sont altérés-, et qui cependant
offrent les caractères qui constituoient leur espèce',
lorsque , réunis en troupes nombreuses vers le fond