quelle s’abaisse, deux pièces très-longues, ou , pour
mieux dire, deux lames très-plates, irrégulières, de
substance écailleuse, un peu recourbées à leur bout
postérieur, plus larges à leur origine qu’à leur autre
extrémité, dentelées sur leur bord antérieur, et attachées
l’une d’un côté, l’autre de l’autre, à la partie la
plus saillante de la mâchoire supérieure. Lorsque ces
deux lames ont obéi le plus possible au mouvement
en en-bas de la mâchoire inférieure, elles se trouvent
avancées de manière que leurs extrémités dépassent la
verticale que l’on peut supposer tirée du bout du
museau vers le plan horizontal sur lequel le poisson
repose. C’est au milieu de ces deux pièces que l’on voit
alors la mâchoire inférieure abaissée et étendue en
avant; et dans cette attitude, le contour de la bouche
est formé par cette même mâchoire de dessous, et par
les deux lames dentelées qui sont devenues comme les
deux côtés de la mâchoire supérieure.
Tant que la bouche reste ouverte, les lames dépassent
par le bas la mâchoire inférieure ; mais lorsque celle-ci
remonte pour s’appliquer de nouveau contre la mâchoire
supérieure et fermer la bouche, chacune des
deux pièces se couche contre un des opercules, et
paroît n’en être que le bord antérieur dentelé.
C’est des dentelures que nous venons d’indiquer
en montrant le singulier mécanisme des mâchoires de
l ’aiguillonné, que nous avons tiré le nom générique
de cet animal, odontognathe signifiant par un seul mot,
ainsi que cela est nécessaire pour la dénomination d’un
genre, à mâchoires dentelées.
Au milieu de ces mâchoires organisées d’une manière
si particulière, on voit une langue pointue et
assez libre dans ses mouvemens. Les opercules, composés
de plusieurs pièces, sont très-transparens dans leur
partie postérieure, écailleux et très-argentés dans leur
partie antérieure. La membrane des branchies, qui est
soutenue par cinq rayons, est aussi argentée par-dessus;
et il n’est pas inutile de faire observer à ceux qui auront
encore présentes à leur esprit les idées que notre premier
Discours renferme sur les couleurs des poissons,
que dans un très-grand nombre d’osseux qui vivent aux
environs de la Guiane et d’autres contrées équatoriales
de l’Amérique , la membrane branchiale est plus ou
moins couverte dé ces écailles très-petites et très-
éclatantes qui argentent les diverses parties sur lesquelles,
elles sont répandues.
La poitrine , terminée vers le bas en carène aiguë,
présente sur cette sorte d’arête huit aiguillons recourbés.
On distingue de plus, au travers des tégumens et
de chaque côté du corps, quatorze côtes peu courbées,
dont chacune est terminée par un aiguillon saillant à
l’extérieur, et se réunit, pour former le dessous du
ventre, à celle qui lui est analogue dans le côté du corps
opposé à celui auquel elle appartient. II résulte de cet
arrangement, que la carène du ventre est garnie de
vingt-huit aiguillons disposés sur deux rangs longitu