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 duisent  dans  nos  laboratoires  des  carreaux  de  verre  
 dont la  surface n’est que de quelques pieds,  on ne sera  
 pas  étonné  qu’un animal  qui  renferme  dans  son intérieur  
 et peut  employer  à  volonté  un  instrument  électrique  
 de  cent  vingt-trois  pieds  carrés  de  surface,  
 puisse frapper des coups  tels  que  ceux que nous avons  
 déjà décrits V 
 Pour rendre  plus  sensible  l’analogie  qui  existe  entre  
 un carreau  fulminant  et  lés  organes  torporifiques  du  
 gymnote,  il faut  faire  voir comment cette  grande surface  
 de  treize  mètres  carrés  peut  être  électrisée  par  
 le  frottement,  de  la  même  manière  qu’un  carreau  
 foudroyant  ou magique.  Nous  avons  déjà  fait  remarquer  
 que  le  gymnote  nage  principalement  par  une  
 suite  des  ondulations  successives et promptes qu’il imprime  
 à  sa  queue,  c’est-à-dire,  à  cette  longue  partie  
 de son corps qui renferme  ses quatre organes.  Sa natation  
 ordinaire,  ses  mouvemens  extraordinaires,  ses  
 courses  rapides,  ses  agitations,  l’espèce  d’irritation  à  
 laquelle  il  peut  se  livrer,  toutes  ces  causes  doivent  
 produire  sur  les  surfaces  des membranes  horizontales  
 et verticales un frottement  suffisant  pour y  accumuler 
 * Nous  croyons devoir  faire observer  ici que dans  l'article  de la torpille,  
 il  s'est  glissé  deux  fautes  d'impression. A   la  dernière ligne  de  la  page  102  
 du  premier  yolume  in-40 >  au  lieu  de  cent  décimètres>  il  faut  lire  trois  
 cents;  et  à  la  troisième  ligne  de  la page  suiyante,  au  lieu  de  quatorze,  il  
 faut lire  quarante. 
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 d’un côté,  et raréfier  de  l’autre,  ou  du  moins  pour  y   
 exciter,  réveiller,  accroître  ou  diminuer  le  fluide  
 unique ou  les deux  fluides auxquels  on  a  rapporté  les  
 phénomènes  électriques  et  tous  les  effets  analogues ;  
 et  comme  par  une  suite  de  la  division  de  l’organe  
 engourdissant du gymnote  en deux grands  et  en  deux  
 petits ,  et  de la  sous-division  de ces  quatre organes  en  
 membranes horizontales et verticales, les communications  
 peuvent  n’être  pas  toujours  très-faciles  ni  très-  
 promptes  entre  les  diverses  parties  de  ce  grand  instrument, 
   on  peut  croire  que  le  rétablissement  du  
 fluide  ou des  fluides dont nous venons  de parler,  dans  
 leur  premier  état,  ne  se  fait  souvent  que  successivement  
 dans  plusieurs  portions  des  quatre  organes.'  
 Les organes  ne  se  déchargent donc  que  par  des  coups  
 successifs; et voilà pourquoi,  indépendamment  d’autre  
 raison,  un  gymnote  placé  dans  un  vase  isolé  peut  
 continuer, pendant quelque temps, de donner des commotions  
 ;  et de plus,  voilà pourquoi il peut rester dans  
 les  organes d’un gymnote qui  vient de mourir, assez de  
 parties  chargées  pour  qu’on  en  reçoive  un  certain  
 nombre  de secousses plus ou moins vives *. 
 *  Un  des meilleurs moyens  de  parvenir  à  la  véritable  théorie  des  effets  
 produits par  le  gymnote engourdissant  et par  les  autres  poissons  torpori-  
 fiques ,  est  d’avoir  recours  aux  belles  expériences  électriques  et  aux  idées  
 très-ingénieuses dont  on  trouvera  l’exposition  dans  une  lettre  qui  m’a  été  
 adressée par  le  citoyen Aldini,  de l’Institut national  de  Bologne, et que cet  
 habile physicien a publiée dans cette ville, il y a environ un an (en 1797 v.st.). 
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