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avons déjà parlé *, se montrer avec bien plus de régularité
dans les poissons osseux que dans les cartilagineux,
parce qu’il n’^ est pas contre-balancé, comme
dans plusieurs de ces derniers, par des organes particuliers
propres à rendre à l ’instinct plus de vivacité
que ne peuvent lui en ôter les autres portions de l’organisation.
En continuant de considérer dans tout leur ensemble
les osseux et les cartilagineux, nous remarquerons que
les premiers comprennent un bien plus grand nombre
d’espèces rapprochées de nos demeures par leurs habitations,
de nos besoins par leur utilité, de nos plaisirs
par leurs habitudes. C’est principalement leur histoire
qui, entraînant facilement la pensée hors des limites et
des lieux et des temps, rappelle à notre esprit, ou,
pour mieux dire, à notre coeur attendri, et les ruisseaux
, et les lacs, et les-fleuves , et les jeux innocens
de l’enfance, et les joyeux amusemens d’une jeunesse
aimante sur les bords verdoyans de ces eaux romantiques.
On ébranle vivement l’imagination en peignant
l’immense Océan qui soulève, majestueusement ses
ondes , et les flots tumultueux mugissant sous la violence
des tempêtes , et les énormes habitans des mers
resplendissans au milieu de l’éclatante lumière de la
zone torride, ou luttant avec force contre les énormes
montagnes de glace des contrées polaires : mais on
? Discours sur la nature des "poissons.
émeut profondément l’ame en lui retraçant la surface
tranquille d’un lac qui réfléchit la clarté mélancolique
de la lune,. ou le murmure léger d’une
rivière paisible qui serpente au milieu de bocages
sombres, ou les mouvemens agiles, les courses rapides,
e t, pour ainsi dire , les évolutions variées de poissons
argentés , q u i, en se jouant au milieu d’un ruisseau
limpide, troublent seuls le silence et la paix d’une rive
ombragée et solitaire. Les premiers tableaux sont pour
le génie; les seconds appartiennent à ia touchante
sensibilité.