ces différences ? Quelle doit être la constance de ces
signes distinctifs? ou pour mieux dire , cjuelles doivent
être la combinaison ou la compensation de la nature ,
du nombre et de la permanence de ces marques caractéristiques
? En un mot, de quelle manière en doit-on
tracer l’échelle ? Et lorsque cette mesure générale aura
été graduée , ~par combien de degrés faudra-t-il que
deux êtres soient séparés , pour n’être pas regardés
comme de la même espèce ?
H j a long-temps que nous avons tâché de faire sentir
la nécessité de la solution de ces problèmes. Plusieurs
habiles naturalistes partagent maintenant notre
opinion à ce sujet. Nous pouvons donc concevoir l’espérance
de voir réaliser le grand travail que nous desirons
à cet égard.
Les principes généraux, fondés sur 1 observation ,
dirigeront la composition et la graduation de 1 échelle
que nous proposons , et dont il faudra peut-etre autant
de modifications qu’il j a de grandes classes detres
organisés. Mais , nous sommes obligés de l’avouer , la
détermination du nombre de degrés qui constituera
la diversité d’espèce, ne pourra être constante et régulière
qu’autant quelle sera l’effet d’une sorte de convention
entre ceux qui cultivent la science. Et pourquoi
ne pas proclamer une vérité importante ? Il en
nst de l’espèce comme du genre , de l’ordre et de la
classe1; elle n’est au fond qu’une abstraction del esprit,
qu’une idée collective g nécessaire pour concevoir ,
pour comparer , pour connoître , pour instruire. La
Nature n’a créé que des êtres qui se ressemblent, et
des êtres qui diffèrent. Si nous ne voulions inscrire
dans une espèce que les individus qui se ressemblent en
tout y nous pourrions dire que l’espèce existe véritablement
dans la Nature et par la Nature. Mais les produits
de la même portée ou de la même ponte sont évidemment
de la même espèce ; et cependant combien
de différences au moins superficielles ne présentent-ils
pas très-fréquemment ! Dès l’instant que nous sommes
obligés d’appliquer ce mot espèce à des individus qui
ne se ressemblent pas dans toutes leurs parties , nous
ne nous arrêtons à un nombre de dissemblances plutôt
qu’à un autre, que par une vue de l’esprit fondée
sur des probabilités plus ou moins grandes ; nous
sommes dirigés par des observations comparées plus
ou moins convenablement : mais nous ne trouvons
dans la Nature aucune base de notre choix, solide,
immuable, indépendante de toute volonté arbitraire.
En attendant que les naturalistes aient établi sur la
détermination de l’espèce la convention là plus raisonnable
, nous suivrons cette sorte de définition vague,
ce résultat tacite d’une longue habitude d’observer , ce
tact particulier , fruit de nombreuses expériences , qui
a guidé jusqu’ici les naturalistes les plus recommandables
par la variété de leurs connoissances et la rectitude
de leur esprit. Et afin que cet emploi forcé d’une
méthode imparfaite à quelques égards ne puisse jeter
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