38o H I S T O I R E N A T U R E L L E
Neuve les premiers vaisseaux destines a en rapporter
des morues. Puisse cet exemple mémorable n etre pas
perdu pour les descendans de ces [François ! et lorsque
la grande nation verra luire le jour fortuné où l’olivier
de la paix balancera sa tète sacrée, au milieu des
lauriers de la victoire et des palmes éclatantes du
génie, au-dessus des innombrables monumens élevés
à sa gloire, qu’elle n’oublie pas que son zèle éclairé
pour les entreprises relatives aux pêches importantes |
sera toujours suivi de l’accroissement le plus rapide de
ses subsistances , de son commerce, de son industrie,
de sa population, de sa marine, de sa puissance, de
son.bonheur I
Dans la première des deux grandes surfaces où l’on
rencontre des troupes très-nombreuses de morues , et
par conséquent dans celle où l’on s’est livré plus anciennement
à leur recherche , on n’a pas toujours employé
les moyens les plus propres à atteindre le but.
que l’on auroit dû se proposer. Il a été un temps , par
exemple, où sur les eûtes de Norvège on-s’étoit servi
de filets composés de manière à détruire une si grande
quantité de jeunes morues, et à dépeupler si vite les
plages qu’elles Avortent affectionnées, que, par une suite
de ce sacrifice mal-entendu de l’avenir au présent, un
bateau monté de quatre hommes ne rapportoit plus-
que six ou sept cents de ces poissons , de tel endroit où
il en auroit pris, quelques années auparavant, près de
six mille.
DES P O I S S O N s. 38 f
Mais rien n’a été négligé pour les pêches faites, dans1
les dix-séptième et dix-huitième siècles , aux environs
de l’isle de Terre-Neuve.
Premièrement, on a recherché avec le plus grand soin
les temps les plus favorables : c’est d’après les résultats
des observations faites à ce su jet, que, vers ces parages,
h est très-rare qu’on continue la poursuite des morues-
après le mois de prairial, époque à laquelle les gades
dont nous écrivons l’histoire ,. s’éloignent à de grandes
distances de ces plagespour chercher une nourriture
plus abondante , ou éviter la dent meurtrière des
squales et d’autres habitans des mers redoutables par
leur férocité. Les morues reparoissent auprès des côtes
dans le mois de vendémiaire, ou aux environs de ce
mois r'mais dans cette saison , qui touche d’un côté à
l’équinoxe de l’automne, et de l’autre aux frimas de
l’hiver, et d’ailleurs auprès de l’Amérique septentrionale,
où les froids sont; plus rigoureux et se font sentir
plutôt que sous le même degré de la partie boréale
de l’ancien continent, les tempêtes et même les glaces
peuvent rendre très-souvent la pêche trop incertaine et
trop dangereuse , pour qu’on se détermine à s’y livrer
de nouveau, sans attendre le printemps suivant.
En second lieu , les préparatifs de cette importante
et lointaine recherche des- morues qui se montrent
auprès de Terre-Neuve, ont été faits, depuis un très-
grand nombre d’années, avec une prévoyance très-
attentive. C’est dans ces opérations préliminaires qu’on