S U P P L É M E N T
A L ' A R T I C L E
DU S Y N G N A T H E T U Y A U .
Nous avons vu que le syngnathe tujau habitoit dans
des mers très-éloignées l’une de l’autre , et particulièrement
dans la Caspienne, auprès des rivages de la
Caroline, et dans les environs du cap de Bonne-Espérance.
Nous avons reçu du citoyen Noël de Rouen,
plusieurs individus de cette même espèce de syngnathe,
qui avoient été pêchés auprès de l’embouchure de la
Seine. « Les tuyaux, nous écrit cet estimable observat
e u r , sont pêchés sur les fonds du Tôt, de Quille-
« beuf, de Berville, de Grëstain». On les prend avec
des guideaux, sorte de filet dont nous parlerons à l’article
du gade colin. Le citoyen Noël les a nommés
aiguillettes, ou petites aiguilles, parce qu’ils ne parviennent
guère, près des côtes de la Manche, qu’à la
longueur de deux décimètres. Le corps de ces poissons
représente une sorte de prisme à sept faces; mais les
trois pans supérieurs se réunissent auprès de la nageoire
dorsale, et les deux inférieurs auprès de l’anus, de
manière que la queue proprement dite n’offre que
H I S T O I R E N A T U R E L L E . 127
quatre faces longitudinales. La couleur de ces cartilagineux
est d’un gris pâle, verdâtre dans leur partie
supérieure, et d’un blanc sale dans leur partie inférieure.
Le citoyen Noël a vu dans l’oesophage d’un de
ces animaux une très-petite chevrette , qui, malgré
son peu de volume, en remplissoît toute la capacité,
et n’avoit pu être introduite par l’ouverture de la
bouche qu’après de très-grands efforts. Il a trouvé
aussi dans chacune de deux femelles qu’il a disséquées,
une quarantaine d’oeufs assez gros, relativement aux
dimensions de l’animal.