peut-être qu’un moyen unique de départir aux agrégations
de la matière la force organique, c’est-à-dire,
le mouvement de la vie et la chaleur du sentiment.
Mais comme cette cause première présente une quantité
infinie de degrés de force et de développement, et qu,e
par conséquent elle a donné naissance à un nombre
incalculable de résultats produits par les différentes
combinaisons de cette série immense de degrés, la
Nature a pu être aussi admirable par la variété des
détails quelle a créés, que par la sublime simplicité du
plan unique auquel elle s’est asservie. C’est ainsi qu’en
parcourant le vaste ensemble des êtres qui s’élèvent
au-dessus de la matière brute, nous voyons une diversité
, pour ainsi dire, sans bornes, de grandeurs, de
formes et d’organes, devenir, par une suite de toutes
les combinaisons qui ont pu être réalisées, le principe
et le résultat d’une intussusception de substances très-
divisées, de l’élaboration de ces substances dans des
■ vaisseaux particuliers, de leur réunion dans des c’&naux
plus ou moins étendus, de leur mélange pour former-
un liquide nutritif. C’est ainsi qu’elle, est la cause et
l ’effet de l’action de ce liquide, q u i, présenté dans un
état de division plus ou moins grand aux divers fluides
que renferment l’air de l’atmosphère, ou feau des
rivières et des mers, se combine avec celui de ces fluides
vers lequel son essence lui donne la tendance la plus
forte ,.en reçoit des qualités nouvelles,. parcourt toutes
les parties susceptibles d’accroissement ou de conscrvation,
maintient dans les fibres l'irritabilité à laquelle
il doit son mouvement, devient souvent, en terminant
sa course plus ou moins longue et plus ou moins
sinueuse, une nouvelle substance plus active encore,
donne par cette métamorphose 1 à l’être organisé le
pouvoir de sentir, ajoute à la faculté d’être mu celle
de se mouvoir, convertit une sujétion passive en une
volonté efficace, et complète ainsi la vie et l’animalité.
Nous venons de voir que les mêmes formes extérieures
et intérieures se présentent dans les poissons
cartilagineux et dans les poissons osseux : les résultats
de la conformation prise dans toute son étendue doivent
donc être à peu près les mêmes dans ces deux sous-
classes remarquables. Et voilà pourquoi les osseux nous
offriront des habitudes analogues à celles que nous
avons déjà considérées en traitant des cartilagineux,
non seulement dans la manière de venir à la lumière,
mais dans celle de combattre, de. fuir, de se cacher , de
se mettre en embuscade, de se nourrir, de rechercher
les eaux les plus salutaires, la température la plus
convenable, les abris les plus sûrs. Voilà pourquoi
encore nous verrons dans les osseux, comme dans les
cartilagineux, l’instinct se dégrader à mesure que des
formes très - déliées et un corps très - alongé seront
remplacés par des proportions moins propres à une
grande variété de mouvemens, et sur- tout par un
aplatissement très - marqué. Nous verrons même ce
décroissement de l’intelligence conservatrice, dont nous