vertes par des lèvres épaisses ; la langue est courte et
lisse comme le palais ; deux os petits et j"udes sont placés
auprès du gosier ; les orifices des narines paroissent
chacun au bout d’un petit tube non frangé ; le ventre
est court ; l’ouverture de l’anus très-grande ; la ligne
latérale droite; la nageoire de l’anus composée de plus
de soixante rayons, et réunie à celle de la queue ; et
souvent cette dernière se confond aussi avec celle du
dos»
Les écailles qui revêtent l’ovovivipare, sont très-petites,
ovales, blanches ou jaunâtres et bordées de noir;
du jaune règne sur la gorge, et sur la nageoire de
l ’anus; la nageoire du dos est jaunâtre, avec dix ou
douze taches noires.
La chair de ce blennie est peu agréable au goût : aussi
est-il très-peu recherché par les pêcheurs , quoiqu’il
parvienne jusqu’à la longueur de cinq décimètres. Il est
en effet extrêmement imprégné de matières visqueuses;
son corps est glissant comme celui des murènes; et ces
substances oléagineuses dont il est pénétré à l’intérieur
ainsi qu’à l’extérieur , sont si abondantes, qu’il montre
beaucoup plus qu’un grand nombre d’autres osseux,
cette qualité phosphorique que l’on a remarquée dans
les differentes portions des poissons morts et déjà
altérés *. Ses arêtes luisent dans l’obscurité , tant
qu’elles ne sont pas entièrement desséchées ; et par une
* Discours sur la nature des poissons,
D e s p o i s s o n s . 49g
suite de cette même liqueur huileuse et phosphorescente
, lorsqu on fait cuire son squelette, il devient
verdâtre.
L’ovovivipare se nourrit particulièrement de jeunes
crabes. Il habite dans l’Océan atlantique septentrional,
et pi incipalement auprès des côtes européennes.
Vers l’équinoxe du printemps, les oeufs commencent
à se développer dans les ovaires de la femelle. On peut
les voir alors ramassés en pelotons , mais encore extrêmement
petits, et d’une couleur blanchâtre. A la fin
de floréal ; ou au commencement de prairial, ils ont
acquis un accroissement sensible, et présentent une
couleur rouge. Lorsqu’ils sont parvenus à la grosseur
d un grain de moutarde , ils s’amollissent, s’étendent,
s alongent ; et déjà 1 on peut remarquer à leur bout supérieur
deux points noirâtres qui indiquent la tête du
foetus, et sont les rudimens de ses yeux. Cette partie de
1 embryon se dégage la première de la membrane
ramollie qui compose l’oeuf ; bientôt le ventre sort aussi
de 1 enveloppe » revêtu d’une autre membrane blanche
et assez transparente pour qu on puisse appercevoir les
intestins au travers de ce tégument ; enfin la queue,
semblable à un fil délié et tortueux, n’est plus contenue
dans 1 oeuf, dont le petit poisson se trouve dès-lors
entièrement débarrassé.
Cependant l’ovaire s’étend pour sé prêter au développement
des foetus ; il est, à l’époque que nous retraçons
, rempli d’une liqueur épaisse, blanchâtre, un peu