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électrique n’avoit pas de vessie aérienne ou natatoire.
On a pu être induit en erreur par la position de cette
vessie dans l’électrique, position sur laquelle nous
allons revenir en décrivant l ’organe torporifique de cet
animal. Mais, quoi qu’il en soit de la cause de cette
erreur, cette vessie est entourée de plusieurs rameaux
de vaisseaux sanguins que Hünter a fait connoître, et
qui partent de la'grande artère qui passe au-dessous de
lepine dorsale du poisson ; et il nous paroît utile de
faire observer que cette disposition de vaisseaux sanguins
favorise l’opinion du savant naturaliste Fischer,
bibliothécaire de l’école centrale de Mayence, qui, dans
un ouvrage très - intéressant sur la respiration des
poissons , a montré comment il seroit possible que la
vessie aérienne de ces animaux servît non seulement à
faciliter leur natation, mais encore à suppléer à leur
respiration et à maintenir leur sang dans l’état le plus
propre à conserver leur vie.
Il ne manque donc rien au gymnote électrique de ce
qui peut donner des mouvemens prompts et long-temps
soutenus ; et comme parmi les causes de la rapidité
avec laquelle il nage, nous avons compté la facilité
avec laquelle il peut se plier en différens sens, et par
conséquent appliquer des parties plus ou moins grandes
de son corps aux divers objets qu’il rencontre, il doit
jouir d’un toucher plus délicat et présenter un instinct
plus relevé que ceux d’un très-grand nombre de
poissons.
d e s p o i s s o n s . 1S7
Cette intelligence particulière lui fait distinguer
aisément les moyens d’atteindre les animaux marins
dont il fait sa nourriture, et ceux dont il doit éviter
l’approche dangereuse. La vitesse de sa natation le
transporte dans des temps très-courts auprès de sa
proie, ou loin de ses ennemis; et lorsqu’il n’a plus qua
immoler des victimes dont il s’est assez approché, ou
à repousser ceux des poissons supérieurs en force
auxquels il n’a point échappé par la fuite, il déploie
la puissance redoutable qui lui a été accordée, il met
en jeu sa vertu engourdissante, il frappe à grands
coups, et répand autour de lui la mort ou la stupeur.
Cette qualité torporifique du gymnote électrique découvert,
dit-on, auprès de Cayenne , par Van-Berkel*, a
été observée dans le même pays, par le naturaliste
Richer, dès 1671. Mais ce n’est que quatre-vingts ans,
ou environ, après cette époque, que ce même gymnote
a été de nouveau examiné avec attention par La
Condamine, Ingram, Gravesand, Allamand, Musclien-
broeck, Gronou, Vander-Lott, Fermin, Bankroft.et
d’autres habiles physiciens qui l’ont Vu dans l’Amérique
méridionale, ou l’ont fait apporter avec soin en Europe.
Ce n’est que vers 1773 que Williamson à Philadelphie,
Gàrden dans la Caroline, Walsh, Pringle, Magellan, etc.
a Londres, ont apperçu les phénomènes les plus propres
à dévoiler le principe de la force torporifique de ce