d’un soleil vivifiant que les flots'mollement agite's:
réfléchissent et multiplient, la fraîcheur des zéphjrs ,
le concours des bâtimens légers, l’agilité des marins,
l ’adresse des pêcheurs , le courage de ceux qui combattent
contre d’énormes animaux-rendus plus dangereux
par leur rage désespérée, les élans rapides de
l ’impatience, les cris de la joie, les acclamations de la
surprise, le son harmonieux des cors,.le retentissement
des rivages, le triomphe des vainqueurs., les applau-
dissemens de la multitude ravie i '
Mais nous, qui écrivons dans le calme d’une retraite
silencieuse l’histoire de la Nature , n’abandonnons-
point notre raison au charme d’un spectacle enchanteur;
osons, au. milieu des-transports de la joie, faire
entendre la voix sévère de la philosophie ; et si les lois
conservatrices de l’espèce humaine nous commandent
ces sacrifices sans cesse renouvelés de milliers de victimes,
n’oublions jamais que ces victimes sont des êtres’
sensibles ; ne cédons à- la dure nécessité que ce qu’il-
nous est impossible de lui ravir; n’augmentons pas par
des séductions que des jouissances plus douces peuvent
si facilement remplacer, le penchant encore trop dangereux
qui nous entraîne vers une des passions les plus
hideuses, vers une cruelle insensibilité ; effaçons , s’il
est possible, du coeur de l’homme cette empreinte encore
trop profonde de la féroce barbarie dont il a eu
tant de peine à-secouer le joug; enchaînons cet instinct
sauvage qui le porte encore à ne voir la conservation
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de son existence que dans la destruction; que les lumières
de-la civilisation l’éclairent sur sâ Véritable félicité
; que ses regards avides ne cherchent jamais les
horreurs de la guerre au milieu de la paix des plaisirs,
les agitations de la souffrance à côté du calme du bonheur,
la rage de la douleur auprès du délire de la joie;
qu’il cesse d’avoir besoin de ées contrastes horribles ;
et que la tendre pitié ne soit jamais contrainte de s’éloigner,
en gémissant, de la pompe de ses fêtes.
Au reste, il n’est pas surprenant que , depuis un-
grand nombre de siècles, on ait cherché et emplojé
un grand nombre de procédés pour-la pêche des thons:
ces scombres, en procurant'un aliment très-abondant,
donnent une nourriture très-agrpable. On a comparé
le goût de la chair de ces poissons à celui des acipen-
sèr-es esturgeons, et par conséquent à celui du veau.’
Ils engraissent avec facilité ; et l’on a écrit * qu’il se
ramassoit quelquefois une si grande quantité de substance
adipeuse dans la partie inférieure de leur corps,
que les tégumens de leur ventre en étoient tendus au
point d’être aisément déchirés, pas de légers frottemens.
Ges poissons avoient une grande valeur chez les Grecs
et chez les autres anciens habitans des rives de la Méditerranée,
de la Propontide, de la mer Noire; et voilà
pourquoi , dès une époque bien reculée, ils avoient été
* Voyez Pline, liv. 9, chap. 15. Plusieurs auteurs modernes, et particulièrement'Rondelet
?.ont rapporté le même fait,