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A la troisième époque, nous mettons les boulever-
semens circonscrits comme les seconds , et qui de plus
présentent les caractères distinctifs de 1 action terrible
et destructive des volcans, des feux souterrains, des
foudres et des ébranlemens électriques de l’intérieur
du globe.
Maintenant si nous voulons appliquer un moment
ces principes, nous reconnoîtrons que nous ne pou-
vons encore rapporter à une de ces époques qu’un
petit nombre des modifications par lesquelles les espèces
tombent, de dégradation en dégradation, jusqu’à
la non-existence.
N o u s pouvons dire que le temps où , par exemple,
le genre des squales présentoit une grandeur si supérieure
à celle des squales observés de nos jours , et où
le volume de l’une de leurs espèces l’emportoit près de
deux mille fois sur le volume qu’elle offre maintenant,
appartient à la seconde des époques que nous venons
d’indiquer, et a touché celui où le globe a éprouvé le
dernier des bouleversemens non universels et non volcaniques
qui aient altéré sa surface auprès de la chaîne
des Pyrénées, dont les environs nous ont montré les
restes de ces grandes espèces marines, si réduites maintenant
dans leurs dimensions.
Nous pouvons assurer également que, lors des convulsions
de la terre , des éruptions volcaniques, des
vastes incendies et des orages souterrains , dont les
effets redoutables se montrent encore si facilement à
des jeux exercés et attentifs, auprès de Venise et de
l’extrémité de la mer Adriatique , plusieurs espèces ,
dont les flancs du mont Bolca recèlent les empreintes
ou la dépouille, n’avoient pas éprouvé les dégradations
dont nous pouvons compter toutes les nuances,
ou n’avoientr pas encore été reléguées dans les mers
chaudes de l’Asie, de l’Afrique ou de l’Amérique méridionale,
ou se montraient déjà avec tous les traits
qu’elles présentent, ainsi que dans les contrées quelles
habitent aujourd’hui; et enfin, que celles que l’on serait
tenté de considérer comme éteintes, et que du moins
on n’a encore retrouvées dans aucun fleuve, dans
aucun lac , dans aucune mer, figuraient encore dans
l’ensemble des êtres sortis des mains de la puissance-
créatrice.
Lorsque la science aura étendu son domaine, que
de nouveaux observateurs auront parcouru dans tous
les sens les terres et les mers, que le génie aura conquis
le monde , qu’il aura découvert, compté , décrit
et comparé et les êtres qui vivent et les fragmens de
ceux dont il ne reste que des dépouilles , qu’il cod-
noîtra et ce qui est et une partie de ce qui a été , qu’au
milieu des monts escarpés, sur les rivages de 1 Océan,
dans le fond des mines et des cavernes souterraines, il
interrogera la Nature au nom du Temps , et le Temps
au nom de la Nature, quelles comparaisons fécondes
lie naîtrontpas de toutes parts ! quels admirables résultats
! quelles vérités sublimes ! quels immenses tableaux