et près du to3 ou du 104e degré de longitude, qu’un
hasard mit Commerson à même de voir cette espèce
très-digne d’attention par ses formes extérieures. On
venoit de prendre plusieurs poissons du genre des
scombres. Commerson-les ayant promptement disséqués
, trouva dans l’estomac d’un seul de ces animaux
cinq trjures très-entiers, et que la force digestive du
scombre n’avoit encore altérés en aucune manière.
Leur forme extraordinaire frappa, dit Commerson, les
gens de l’équipage, qui s’écrièrent tous qu’ils n’avoient
jamais vu de semblables poissons. Quant à lui, il crut
bientôt après avoir retiré ces cinq triures de l’estomaç
du scombre, en voir plusieurs de la même espèce se
jouer sur la surface de la mer. Il étoit alors dans le
mois de février de 1768 [v. st.). Quoi qu’il en soit,
voici quels sont les traits de cette espèce d’osseux apode,
dont les individus examinés par le très-exact et très-
éçlairé Commerson avoient à peu près la grandeur et
l’aspept d’un hareng ordinaire.
La couleur du triure bougainvillien est d’un brun
rougeâtre qui se change en argenté sous la tête, et
en incarnat, ou plutôt en vineux blanchâtre, sur les
çôtés, ainsi que sur la partie inférieure du cqrps et
de la queue, et qui est relevé par une tache d’un blanc
très-éclatant derrière la base des nageoires pectorales.
L’ensemble du corps et de la queue est comprimé, et
alongé de manière que la longueur totale de l’animal,
sa plus grande hauteur et sa plus grande largeur, sont
dans le même rapport que 71 , 18 et 10. Ce même
ensemble est d’ailleurs entièrement dénué de piquans,
et revêtu d’écailles si petites et si enfoncées , pour ainsi
dire, dans la peau à laquelle elles sont attachées , qu’à
la première inspection , on pourroit croire l’animal
entièrement sans écailles.
La tête, qui est comprimée comme le Corps, et qui de
plus est un peu aplatie par-dessus , Se termine par un
museau très - prolongé fait en forme de tube assez
étroit, et dont l’extrémité présenté pour toute ouverture
de la bouche, un orifice rond, et que 1 animal ne
peut pas fermer.
Dans le fond de cette sorte de tuyau sont les deux
mâchoires osseuses, composées chacune dune seule
dent incisive et triangulaire. On n apperçoit pas d autres
dents ni sur le palais, ni sur la langue, qui est très-
courte, cartilagineuse, et cependant un peu charnue
dans son bout antérieur, lequel est arrondi.
Les ouvertures des narines sont très-petites et placées
plus près des orbites que de l'extrémité du museau. Les
yeux sont assez grands, peu convexes, dépourvus de
ce voile membraneux que nous avons fait remarquer
sur ceux des gymnotes, des ophisures, et d autres poissons;
et l’iris brille des couleurs de 1 or et de 1 argent.
C’est au-dessous de la peau qu’est placé chaque
opercule branchial, qui d’ailleurs'est composé d’une
lame osseuse, longue, et en forme de faux. La membrane
branchiale renferme cinq rayons un peu aplatis