manger fraîche. Pour jouir de ce dernier avantage sur
plusieurs côtes de l’Europe, et particulièrement sur
celles d’Angleterre et de France, on ne s’est pas contenté
dÿ pêcher les morues que l’on y voit de temps
en temps ; mais afin d’être plus sûr d’en avoir de plus
grandes à sa disposition, on est parvenu à y apporter
en vie un assez grand nombre de celles que l’on avoit
prises sur les bancs de Terre-Neuve r on les a placées,.
pour cet objet, dans de grands vases fermés, mais
attachés aux vaisseaux, plongés dans la mer, et percés
de manière que l’eau salée pût aisément parvenir dans
leur intérieur. Des pêcheurs anglois ont ajouté à cette
précaution un procédé dont nous avons déjà parlé
dans notre premier Discours : ils ont adroitement fait
parvenir une aiguille jusqu’à la vessie natatoire de la
morue , et l’ont percée, afin que l’animal,ne pouvant
plus se servir de ce moyen d’ascension, demeurât plus
long-temps au fond du vase r et fût moins exposé aux.
divers accidens funestes à la vie des poissons.
Au reste, il est convenable d’observer ici que d ans
quelques gades, Monro n’a pas pu trouver la communication
de la vessie natatoire avec l’estomac ou quelque
autre partie du canal intestinal^ mais qu’il a vu
autour de cette vessie un organe rougeâtre composé
d’un très-grand nombre de membranes pliées et extensibles
, et qu’il le croit propre à la sécrétion de l’air ou
des gaz de la vessie ; sécrétion qui auroit beaucoup de
rapports, selon ce célèbre naturaliste anglois, avec celle
qui a lieu pour les vésicules à gaz ou aériennes des
oeufs d’oiseau, et des plantes aquatiques. Cet organe
rougeâtre ne pourroit-il pas être au contraire destiné
à recevoir et transmettre, par les diverses ramifications
du système artériel et veineux que sa couleur seule
indiquerait, une portion des gaz de la vessie natatoire,
dans les différentes parties du corps de l’animal ? ce qui
réuni aux résultats d’observations très - voisines de
celles de Monro, faites sur d’autres poissons que des
gades, et que nous rapporterons dans la suite , confirmerait
l’opinion du citoyen Fischer, bibliothécaire de
Mayence, sur les usages de la vessie natatoire, qu’il
considère comme étant, dans plusieurs circonstances,
un supplément des branchies , et un organe auxiliaire
de respiration *.
On trouve dans les environs de Fisle de Man, entre
l’Angleterre et l’Irlande, un gade que l’on y nomme
red cod ou rock-cod (morue rouge et morue de roche).
Nous pensons avec le citoyen Noël de Rouen , qui
nous a écrit au sujet de ce poisson , que ce gade n’est
qu’une variété de la morue grise ou ordinaire que nous
venons de décrire; mais nous croyons devoir insérer
dans l’article que nous allons terminer, l’extrait suivant
de la lettre du citoyen Noël.
« J’ai lu , dit cet observateur , dans un ouvrage sur
» l’isle de Man, que la couleur de la peau du red cod,
Nous avons déjà parlé de cette opinion du citoyen Fischer.