celle qu’elle déploie lorsqu’elle passe sa vie au milieu
d’une eau claire, vive et pure.
Au resté, les couleurs de l’anguille paroissent quelquefois
d’autant plus variées par les diffërens reflets
rapides et successifs de la lumière plus ou moins
intense qui parvient jusqu’aux diverses parties de l’animal
, que les mouvemenS très-prompts et très-mullipliés
de cette murène peuvent faire changer à chaque instant
l’aspect de ces mêmes portions colorées. Cette
agilité est secondée par la nature de la charpente
osseuse du corps et de la queue de l’animal. Ses vertèbres
un peu comprimées et par conséquent un peu
étroites à proportion de leur longueur, pliantes et
petites-, peuvent se prêter aux diverses circonvolutions
qu’elle a besoin d’exécuter. A ces vertèbres, qui Communément
sont au nombre de cent seize, sont attachées
des côtes très-courtes, retenues par une adhérence très-
légère aux apophyses des vertèbres, et très-propres à
favoriser les sinuosités nécessaires à la natation de la
murène. De plus, les-muscles sont soutenus et fortifiés
dans leur action par une quantité très-considérable de
petits os disséminés entre leurs divers faisceaux, et
connus sous le nom d'arêtes proprement dites , ou de
petites arêtes1 Ces os intermusculaires, que l’on ne voit
dans aucune autre classe d’animaux que dans celle des
poissons, et qui n appartiennent même qu’à un certain
nombre de poissons osseux, sont d’autant plus grands
qu’ils sont placés plus près de la tête; et ceux qui
occupent la partie antérieure de l’animal,sont communément
divisés en deux petites branches.
Un instinct relevé ajoute aussi à la fréquence des
mouvemens ; et nous avons déjà indiqué * que l’anguille,
ainsi que les autres poissons osseux et serpen-
tiformes, avoit le cerveau plus étendu, plus alongé,
composé de lobes moins inégaux, plus développés et
plus nombreux , que le cerveau de la plupart des poissons
dont il nous reste à parler, et particulièrement de
ceux qui ont le corps très-aplati, comme les pleuro-
nectes,
Le coeur est quadrangulaire; l’aorte grande ; le foie
rougeâtre, divisé en deux lobes, dont le.gauche est
le plus volumineux ; la. vésicule du fiel séparée du foie
comme dans plusieurs espèces de serpens ; la rate alon-
gée et triangulaire ; la vessie natatoire très - grande
attachée à l’épine, et garnie par- devant d’un long
conduit à gaz; le canal.intestinal dénué de ces appendices
que l’on remarque auprès du pylore de plusieurs
espèces de poissons, et presque sans sinuosités, ce qui
indique la force des sucs digestifs de l’anguille, et en
général l’activité de ses humeurs et l’intensité de son
principe vital.
Les murènes anguilles parviennent à une grandeur
très-considérable : il n’est pas très-rare d’en trouver en
Angleterre, ainsi qu’en Italie, du poids de huit à dix
Discours sur la nature des poissons•