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de l’animal, il n’est pas surprenant que l’ouverture de la
bouche soit grande ; ses deux bords sont garnis d’un
nombre considérable de petits tubercules très-durs, ou
plutôt de petites dents tournées vers le gosier, auprès
duquel sont quelques os hérissés de pointes. La langue
est forte et libre dans ses mouvemens. Les jeux sont
saillans,et l’iris est verdâtre.
L’espadon a d’ailleurs le corps et la queue très-alon-
gés. L’orifice des branchies est grand , et son opercule
composé de deux pièces; sept ou huit rajons soutiennent
la membrane branchiale. Les nageoires sont en forme de
faux, excepté celle de la queue, qui est en croissant *.
Une membrane adipeuse placée au-dessous d’une peau
mince, couvre tout le poisson.
La ligne latérale est pointillée de noir: cette même
couleur règne sur le dos de l’animal, dont la partie inférieure
est blanche. Les nageoires pectorales sont jaunâtres;
celle du dos est brune, et toutes les autres présentent
un gris cendré.
L’espadon habite dans un grand nombre de mers. On
le trouve dans l’Océan d’Europe, dans la Méditerranée,
et jusque dans les mers australes. On le rencontre aussi
entre l’Afrique et l’Amérique : mais , dans ces derniers
parages , sa nageoire du dos paroît être constamment
* A la nageoire du dos 42 rayons,
à chacune des pectorales 17
à celle de l’anus- 18
à celle de la queue 26
d e s p o i s s o n s . 2 9 3
plus grande et tachetée ; etc’est aux espadons, qui, par
les dimensions et les couleurs de leur nageoire dorsale,
composent une variété plus ou moins durable, que l’on
doit, cerne semble, rapporter le nom brasilien de^we-
bucu *.
Les xiphias espadons ont des muscles très-puissaiis :
leur intérieur renferme de plus une grande vessie natatoire;
ils nagent avec vitesse ; ils peuvent atteindre avec ,
facilité de très-grands habitans de la mer. Parvenus
quelquefois à la longueur de plus de sept mètres, frappant
leurs ennemis avec un glaive pointu et tranchant
de plus de deux mètres, ils mettent en fuite, ou combattent
avec avantage, les jeunes et les petits cétacées ,
dontles tégumens sont aisément traversés par leur arme
osseuse, qu’ils poussent avec violence, qu’ils précipitent
avec rapidité, et dont ils accroissent la puissance de
toute celle de leur masse et de leur vitesse. On a écrit que
dans les mers dont les côtes sont peuplées d’énormes
crocodiles, ils savoient se placer avec agilité au-dessous
de ces animaux cuirassés, et leur percer le ventre avec
adresse à l’endroit où les écailles sont le moins épaisses
et le moins fortement attachées. On pourvoit même, à
la rigueur, croire , avec Pline, que lorsque leur ardeur
est exaltée , que leur instinct est troublé , ou qu’ils sont
lejouetde vagues furieuses qui lesroulentet les lancent,
ils se jettent avec tant de force contre les bords des
Voyez Marcgvave, Brasil. lib. 4 , cap. i 5, p. J71.