XXX a I S.C OTJ R S
les autres individus, qui dès-lors prolongent l'espèce
jusqu’au moment où ils sont frappés à leur tour.
D’ailleurs ces mêmes causes peuvent diminuer l’intensité
de ces qualités et altérer les effets de ces formes,
sans les modifier dans ce qui compose l’essence de
l’espèce ; et ces modifications qui dénaturent l’espèce,
peuvent aussi se succéder, sans que les organes cessent
de jouer avec assez de liberté et de force pour conserver
le feu de la vie des individus.
Quels sont donc les caractères distinctifs des espèces?
ou pour mieux dire, qu est-ce qu une espèce?
Tous ceux qui cultivent la science de la Nature ,
emploient à chaque instant ce mot espèce, comme une
expression très-précise. Ils disent que tel animal appartient
à telle espèce , ou qu’il en est une variété passagère
ou constante, ou qu’il ne peut pas en faire
partie ; cependant combien peu de naturalistes ont
une notion distincte du sens quils attachent à ce mot,
même lorsqu’ils ont donné des règles pour parvenir à
l ’appliquer! Quelques auteurs l’ont défini ; mais.si on
déterminoit les limites des espèces d’après leurs principes,
combien ne réuniroit-on pas d’êtres plus différens
les uns dès autres que ceux que l’on tiendroit séparés !
Que la lumière du métaphysicien conduise donc ici
l’ami de la Nature.
Les individus composent l’espèce ; les espèces , le
genre ; les genres, l’ordre ; les ordres, la classe ; les
classes, le règne ; les règnes, la Nature.
S U R LA D U R É E DES E S P E C E S . XXXj
Nous aurons fait un grand pas vers la détermination
de ce mot espèce y si nous indiquons les différences
qui se trouvent entre les rapports dès individus avec
l’espèce , et ceux des espèces avec le genre.
Tous les individus d’une espèce peuvent sè ressembler
dans toutes leurs parties , et de manière qu’on
ne puisse les distinguer les uns des autres qu’en les
vojantàla fois; les espèces d’un genre doivent différer
les unes des< autres par un trait assez marqué pour que
chacune de ces espèces, considérée même séparément,
ne puisse être confondue avec une des autres dans
aucune’ circonstance.
L’idée' de l’individu amène nécessairement l’idée de
l'espèce : on ne peut pas concevoir l’un sans l’autre.
Une espèce existerait donc , quoiquelle ne présentât
qu’un seul individu , et quand bien même on la supposerait
seule. On ne peut imaginer un genre avec une
seule espèce , qu’autant qu’on le fait contraster avec
un autre genre..
On doit donc rapporter à la même espèce deux
individus qui se ressemblent en tout. Mais lorsque deux
individus présentent des différences qui les distinguent,
d’après quel principe faudra-t-il se diriger pour les
comprendre ou ne pas les renfermer dans la même
espèce? De quelle nature" doivent être ces dissem-
blancesoffertês par deux êtres organisés , du même âge
et du même sexe, pour qu’on les considère comme de
deux espèces différentes ? Quel doit être le nombre de