sert, pour prendre des thons, d’un filet auquel on a
donné le nom de scombrière, de combrière , de co'uran-
iille, qu’on abandonne aux courans, et qui va , pour
ainsi dire, au-devant de ces scombres, lesquels s’en--
gagent et s’embarrassent dans ses mailles. Mais hâtous-
nous de parler du mqyen le plus puissant.de s’emparer
d’une grande quantité de ces animaux si recherchés ;
occupons-nous d’une des pêches les plus importantes
de celles qui ont lieu dans la mer; jetons les jeux sur
la pêche pour laquelle on emploie la madrague. Nous
en avons déjà dit un mot en traitant de la raie mobular y
tâchons de la mieux décrire.
On a donné le nom de madrague * à un grand parc
oui reste construit dans la mer, au lieu d’être établi
pour chaque pêche, comme lesthonnaires. Ceparc forme
une vaste enceinte distribuée èn plusieurs chambres ,■
dont les noms varient suivant les pajsr les cloisons qui
forment ces chambres, sont soutenues par des flottes
de liège, étendues par un lest de pierres, et maintenues
par des cordes dont une extrémité est' attachée à-
la tête du filet, et l’autre amarrée aune ancre.
Comme les madragues' sont destinées à arrêter les-
grandes troupes de thons, au moment où elles abandonnent
les rivages pour voguer en pleine mer, on
établit entre la rive et la grande enceinte Une de ces
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longues allées que l’on appelle chasses : les thons suivent
cette allée, arrivent à la madrague, passent de chambre
en chambre , parcourent quelquefois, de Compartiment
en compartiment, une longueur de plus de mille
brasses, et parviennent enfin à la dernière chambre,
que l’on nomme chambre de la mort, ou corpon, ou
corpou, Pour forcer ces scombres à se rassembler dans
ce corpou qui doit leur être si funeste, on les pousse
et les presse, pour ainsi dire, par un filet long de
plus de vingt brasses *, que l’on tient tendu derrière
ces poissons par le mojen de deux bateaux, dont chacun
soutient un des angles supérieurs du filet, et que
l’on fait avancer vers la chambre de la mort. Lorsque
les poissons sont ramassés dans ce corpou, plusieurs
barques chargées de pêcheurs s’en approchent ; on
soulève les filets qui composent cette enceinte particulière,
on fait monter les scombres très-près de la
surface de, l’eau , on les saisit avec la main, ou on les
enlève avec des crocs.
La curiosité attire souvent un grand nombre de spectateurs
autour de la madrague ; on j accourt comme
à une fête ; on rassemble autour de soi tout ce qui peut
augmenter la vivacité du plaisir; on s’entoure d’instru-
mens de musique : et quelles sensations fortes et variées
ne font pas en effet éprouver l’immensité de la mer,
la pureté de Pair, la douceur de la température, l’éclat
* On nomme ce filet engarre.