garnies des fleurs les plus suaves, et chargées d’essaims
d’oiseaux resplendissans des couleurs de l’iris, au-dessus
de savanes noyées, ou d’une vase .impure que parcourent
de très-grands quadrupèdes ovipares, et que
sillonnent d’énormes serpens aux écailles dorées ; où les
eaux douces-et salées montrent des légions de poissons
dont les rayons du soleil réfléchis avec vivacité
changent, en quelque sorte, les lames luisantes en dia-
mans, en saphirs, en rubis; où l’air, la terre, les mers,
et les êtres vivans, et les corps inanimés, tout attire les
regards du peintre, enflamme l’imagination du poète,
élève le génie du philosophe.
C’est, en effet, auprès de Surinam qu’habite le gymnote
électrique ; et il paroît même qu’on n’a encore
observé de véritable gymnote que dans l’Amérique
méridionale, dans quelques parties de l’Afrique occidentale
, et dans la Méditerranée, ainsi que nous le
ferons remarquer de nouveau en traitant des noto-
ptères,
Le gymnote électrique parvient ordinairement jusqu’à
la longueur d’un mètre un ou deux décimètres;
et la circonférence de son corps, dans l ’endroit le plus
gros, est alors de trois à quatre décimètres: il a donc
onze ou douze fois plus de longueur cjue de largeur.
Sa tête est percée de petits trous ou pores très-sensibles,
qui sont les orifices des vaisseaux destinés à répandre
sur sa surface une liqueur visqueuse ; des ouvertures
plus petites, mais analogues, sont disséminées en trèsi
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grand nombre sur son corps et sur sa queue : il n’est
donc pas syprenant qu’il soit enduit d’une matière
gluante très,- abondante. Sa peau ne présente d’ailleurs
aucurfë^écaille facilement visible. Son museau
est arrondi; sa mâchoire inférieure est plus avancée que
la supeneure, ainsi qu’on a pu le voir sur le tableau
du genre des gymnotes; ses dents sont nombreuses et
acérées ; et on voit des verrues sur son palais, ainsi que
sur sa langue qui est large.
Les nageoires pectorales sont très-petites et ovales;
celle de l’anus s’étend jusqu’à l ’extrémité de la queue!
dont le bout, au lieu de se terminer en pointe, paroît
comme tronqué.
La couleur de l’animal est noirâtre, et relevée par
quelques raies étroites et longitudinales d’une nuance
plus foncée.
^ QU01que la cavité du ventre s’étende au-delà de
1 endroit où est située l’ouverture de l’anus, elle est
cependant assez courte relativement aux principales
dimensions du poisson ; mais les effets de cette brièveté
sont compensés: par les replis du canal intestinal, qui
se recourbe plusieurs fois.
Je n’ai pas encore pu me procurer des observations
bien sures et bien précises sur la manière dont le
gymnote électrique vient a la lumière : il paroît cependant
qu’au moins le plus souvent la femelle pond
ses oeufs, et qu’ils n’éclosent pas dans le ventre de la
mère, comme ceux de la torpille, de plusieurs autres
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