L’opercule , composé d’une seule lame , et membraneux
dans une partie de son contour, ferme une large
ouverture branchiale *, Une ligne latérale couleur d’or
s étend sans sinuosités depuis cet opercule jusqu’à l’ex<
trémité de la queue. L’anus est assez près de la tête.
Les nageoires pectorales sont très-petites et ne renferment
que onze rayons; mais la nageoire dorsale en
comprend ordinairement cent dix-s,ept, et règne depuis
la nuque jusqu’à une très-petite distance du bout de
la queue.
On ne voit pas de véritable nageoire de l’anus : -à la
place qu’occuperoit cette nageoire, on trouve seulement
de cent à cent vingt, et Je plus souvent cent
dix aiguillons très-courts:, assez éloignés les uns des
autres, dont la première moitié, ou à peu près, est
recourbée vers la queue, et dont la seconde moitié
est fléchie vers la tète,
La queue du lepture, presque toujours très-déliée
et terminée par une sorte de prolongation assez semblable
à un fil ou à un cheveu, a fait donner à ce
poisson le nom de lepture, qui signifie petite queue,
ainsi que celui de trichiure, qui veut dire queue en
cheveu, et que l’on a étendu, comme nom générique;
à toute la petite famille dont nous nous occupons.
Cependant, comme cette queue très-longue est en
même temps assez comprimée pour avoir été comparée
* On compte sept rayons à la membrane des branchies.
à une lame, comme le corps et la tête présentent une
conformation semblable, et que tous les muscles de
l’animal paroissent doués d’une énergie très-soutenue,
on supposera sans peine dans le lepture une mobilité
rare, une natation très-rapide, une grande souplesse
dans les mouvemens, pour peu que l’on rappelle ce
que nous avons déjà exposé plus d’une fois sur la cause
de la natation célère des poissons*. Et en effet, les
voyageurs s’accordent à attribuer au lepture une agilité
singulière et une vélocité extraordinaire. S’agitant
presque sans cesse par de nombreuses sinuosités, ondulant
en différens sens, serpentant aussi facilement que
tout autre habitant des eaux, il s’élève, s’abaisse, arrive
et disparoît avec une promptitude dont à peine on peut
se former une idée. Frappant violemment l’eau par ses
deux grandes surfaces latérales, il peut se donner assez
de force pour s’élancer au-dessus de la surface des fleuves
et des lacs ; et comme il est couvert par-tout de très-
* La collection du Muséum renferme une variété du lepture9 qu’ il est
aisé de distinguer par la forme du bout de la queue. Cette partie 9 au lieu,
de se terminer par une prolongation filamenteuse 9 paroît comme tronquée
assez loin de sa véritable extrémité 5 elle présente 9 à l ’endroit où elle finit
une ligne droite et verticale. E t quoique nous ayons vu deux individus avec
cette conformation particulière , nous ne savons pas si au lieu d’une variété
plus ou moins constante , nous n’avons'pas eu uniquement sous les yeux
deux produits d’accidens semblables ou analogues, deux résultats d’une sorte
d’amputation extraordinaire 9 dont on trouve plusieurs exemples parmi les
animaux à sang froid, qu’ ils peuvent subir sans en périr, et qui 9 pour les
deux individus dont nous parlons > auroit emporté la portion la plus déliée
de leur queue,
T O M E I I . WÊ