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festonnées de manière que la mâchoire supérieure présente
une portion saillante à son extrémité , ainsi que
quatre autres parties avancées, deux dun cote et deux
de l’autre, et que la mâchoire inférieure oppose un
enfoncement* à chaque saillie et une saillie à chaque
enfoncement de la mâchoire d’en-haut, dans laquelle
d’ailleurs elle s’emboîte.
Les opercules des branchies sont attachés dans la:
plus grande partie de leur contour, et les ouvertures
branchiales un peu en demi-cercle.
Par une conformation bien rare, et bien remarquable
même à côté de celles qu’offrent les apodes de la première
division des osseux et particulièrement les gymnotes,
l’anus est si près de la tête, qu’il est situé dans
le petit espace anguleux qui sépare les deux membranes
branchiales, et très-près du point ou elles se réunissent.
Derrière l’anus, on*voitun orifice que l’on croit
destiné à la sortie de la laite, ou des oeufs.
Mais nous allons décrire une conformation plus singulière
encore.
Vers le milieu de la partie supérieure dé lanimal-
comprise entre la tête et la nageoire caudale, commence
une sorte de filament, ou de lanière charnue
très-longue et très-déliée. Le savant naturaliste du
Nord , le célèbre Pallas, auquel on doit un si grand
nombre de découvertes en histoire naturelle, a le
premier fait attention à cette espèce de lanière. En
voyant que ce long filament convexe par - dessus et
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comme excavé par - dessous répondoit à une sorte de
canal longitudinal dont les dimensions paroissoient
se rapporter exactement à celles du filament, il fut
d'abord tenté de croire que l ’on avoit entaillé le dos de
l’animal, et qu’on en avoit détaché une lanière, au
point quelle ne fût retenue que par son extrémité antérieure.
Il s’apperçut cependant bientôt que la conformation
qu’il avoit sous sesyeux, étoit naturelle : mais
l’état d’altération dans lequel étoit apparemment le
passan de la collection de l’académie de Pétersbourg,
empêcha ce savant professeur de connoître dans tous
ses détails la véritable conformation du filament; et
comme depuis la description publiée par ce naturaliste
on n’a. pas cru devoir chercher à ajouter à ce qu’il
a écrit, la vraie forme de cette portion du passan n’est
pas encore connue de ceux qui cultivent les sciences
naturelles. La voici telle que j’ai pu la voir sur un
individu très-bien conservé qui faisoit partie de la
collection donnée à la France par la république batave ;
et la figure que j’ai fait dessiner et graver en donnera
une idée très-nette.
Cette lanière charnue est en effet convexe pardessus
, concave par-dessous, attachée par son gros
bout vers le milieu du dos de l ’aptéronote, et répondant
à un canal dont les dimensions diminuent à mesure
quelle devient plus déliée, ainsi que l’a très-bien
dit le professeur Pallas ; mais ce que ce naturaliste n’a
pas été à même de voir, et ce qui est plus extraordi