assez desséchée pour que les petites lames écailleuses
se séparent facilement.
On apperçoit plusieurs rangs de petites dents, non
seulement aux: deux mâchoires, à la partie antérieure
du palais, et sur deux os situés au-dessus du gosier,
mais encore sur deux autres os un peu plus longs et
placés à l’origine des branchies.
L’ouverture de ces branchies est petite, très-voisine
de la nageoire pectorale , verticale, étroite, et un peu
en croissant,.
On a de la peine à distinguer les dix rayons que contient
communément la membrane destinée à fermer
cette ouverture ; et les quatre branchies de chaque
côté sont garnies de vaisseaux sanguins dans leur partie
convexe, et dénuées de toute apophyse et de tout tubercule
dans leur partie concave.
Les nageoires du dos et de l’anus sont si basses, que
la première s’élève à peine au-dessus du dos d’un soixantième
de la longueur totale. Elles sont d’ailleurs réunies
à celle de la queue, de manière qu’on a bien de la
peme à déterminer la fin de l’une et le commencement
de 1 autre; et on peut les considérer comme une bande
trèsTétroite qui commence sur le dos à une certaine
distance de la tête, s’étend jusqu’au bout de la queue,
entoure cette extrémité, j forme une pointe assez
aiguë, revient au-dessous de l’animal jusqu’à l’anus,
et présente toujours assez peu de hauteur pour laisser
subsister les plus grands rapports entre le corps du
serpent et celui, de l’anguille.
233
L’épaisseur de la partie membraneuse de ces trois
nageoires réunies, fait qu’on ne compte que très-difficilement
les petits rayons quelles renferment, et qui
sont ordinairement au nombre de plus de mille, depuis
le commencement delà nageoire dorsale jusqu’au bout
de la queue.
Les couleurs que l’anguille présente sont toujours
agréables, mais elles varient assez fréquemment; et
il paroît que leurs nuances dépendent beaucoup de
lage de 1 animal*, et de la qualité de l’eau au milieu
de laquelle il vit. Lorsque cette eau est limoneuse, le
dessus du corps de la murène que. nous décrivons est
d’un beau noir, et le dessous d’un jaune plus ou moins
clair. Mais si l’eau est pure et limpide , si elle coule
sur un fond de sable, les teintes qu’offre l’anguille sont
plus vives et plus riantes : sa partie supérieure est d’un
verd nuancé, quelquefois même rayé d’un brun qui le
fait ressortir ; et le blanc du lait, ou là couleur de l’argent,
brillent sur la partie inférieure du poisson. D’ailleurs
la nageoire de l’anus est communément lisérée
de blanc, et celle du dos, de rouge. Le blanc, le rouge
et le verd, ces couleurs que la Nature;sait marier avec
tant de grace et fondre les unes dans les autres par
des nuances si douces, composent donc l’une des
parures élégantes que l’espèce de l’anguille a reçues, et
* Voyage de Spallanzani dans les deux S i d l e s traduction du savant et
élégant écrivain le citoyen Toscan, bibliothécaire du Muséum national
d’histoire naturelle.
T O M E I I . 3o