II ne faut pas confondre ce poisson avec des individus
de l’espèce de la morue que des pêcheurs partis
de plusieurs ports occidentaux de France-ont souvent
appelés colins, parce qu’ils les avoient pris dans une
saison trop avancée pour qu’on pût les faire sécher.
Le vrai colin a ordinairement près d’un mètre de
longueur ; sa tête est étroite, l’ouverture de sa bouche
petite, son museau pointu ; sés écailles sont ovales ,
et ses nageoires jugulaires très-peu étendues *.
On l’a nommé poisson charbon ou charbonnier, à
Cause de ses couleurs. En effet, la teiute olivâtre qu’il
présente dans sa jeunesse, se change en noir lorsqu’il
est adulte ; les nageoires sont entièrement noires ,
excepté celle de la queue, qui n’est que brune, et les
deux premières dorsales,ainsi que les pectorales, dont
la base est un peu olivâtre; une tache noire très-marquée
est placée au-dessous de chaque nageoire pectorale
; la bouche est même noire dans son intérieur ;
et ces nuances , si voisines de celles du charbon,
paraissent d’autant plus foncées, que la ligne latérale est
blanche, que les opercules brillent de l’éclat de l’argent,.
A la première nageoire dorsale du colin, 14 rayons.
à la seconde *9
à la troisième 20
à chacune des pectorales- 21
à chacune des jugulaires 6
à la première de l’anu& z 5
à la seconde 2,0
à celle de la queue 26
et que la langue a aussi la blancheur de ce métal.
On trouve le colin non seulement dans l’Océan
d’Europe, mais encore dans la mer Pacifique. Dès les
mois de -pluviôse et de ventôse , il s’approche des côtes
d’Angleterre pour-j déposer ou féconder des oeufs qui
ont la couleur et la petitesse des grains de millet, et
desquels sortent, au bout de quelques mois , de petits
poissons que l’on dit assez bons dans leur jeunesse.
On le pêche non seulement avec des haims, mais
encore avec différentes sortes de filets, tels que des
verveux 1, des guideaux*, des demi-folles 3, des tré-
maux 4, etc.
‘ Le verveux, ou vermier, est un filet en forme de manche, et à l’entrée
duquel on ajoute un second filet intérieur, nommé goulet, terminé en
pointe , ouvert dans son extrémité de manière à laisser pénétrer le poisson
dans le premier filet, mais propre d’ailleurs à l ’empêcher d’en sortir.
a Le guideau est aussi un filet en forme de manche : il va en diminuant
depuis son embouchure jusqu’à son extrémité. On peut le tendre sur un
châssis qui en maintient l’embouchure ouverte. Le plussouventcependanton
se contente d’enfoncer dans le sable , à la basse mer, des piquets sur lesquels
on attache deux traverses, l’une en haut et l ’autre en bas; ce qui produit,
à peu près, le même effet qu’un châssis. Pour que le poisson soit entraîné
dans la manche, on oppose au courant l’embouchure du guideau; mais la
force de l’eau, qui en parcourt toute la longueur, comprime tellement les
poissons qui s’y renferment, que les gros y sont tués, et les petits réduits en
une espèce de bouillie. Les piquets sur lesquels on tend le guideau, portent
le nom d’é/aliers. Quelquefois ils sont longs de près de trois mètres; d’autres
fois ils ne s’élèvent que de dix ou douze décimètres, et alors le guideau est
beaucoup plus petit. De là sont venues les expressions de guideau à hauts
étaliers , et de guideau à bas él ali ers.
3 Nous avons placé une courte description de la demi-folle3 dans l’article
de la raie bouclée.
Le tréniail est un filet composé de trois nappes, dont deux , qui sont