influer sur l’accroissement des embryons; elle nage
ainsi chargée d’un poids qu’elle conserve avec soin, et
qui lui donne d’assez grands rapports avec plusieurs
cancres dont les oeufs sont également attachés pendant
long-temps au dessous de la queue de la mère. _
Peut-être n’est-ce qu’au moment où les oeufs des
syngnathes sont parvenus dans le petit canal qui se
creuse au dessous du corps de la femelle, que le mâle
s’approchej s’accouple, et les arrose de sa liqueur
séminale, laquelle peut pénétrer aisément au travers
de la membrane très-peu épaisse qui les maintient. Mais,
quoi qu’il en soit, il paroît que, dans la même saison,
il peut y avoir plusieurs accouplemens entre le même
mâle et la même femelle, et que plusieurs fécondations
successives ont lieu comme dans.les raies et les squales ;
les premiers oeufs qui sont un peu développés et vivifiés
par la liqueur séminale du mâle passent dans le
petit canal, qu’ils remplissent, et dans lequel ils sont
ensuite remplacés par d’autres oeufs dont l’accroissement
moins précoce avoit retardé la fécondation, en
les retenant plus long-temps dans le fond de la cavité
des ovaires.
Au reste, le phénomène que nous venons de décrire
est une nouvelle preuve de 1 étendue des blessures,
des déchiremens et des autres altérations que les poissons
peuvent éprouver dans certaines parties de leur
corps , non seulement sans en périr, mais meme èans
ressentir de graves accidens.
La tête de tous les syngnathes, et particulièrement de
la trompette, dont nous traitons dans cet article, est
très-petite; le museau est très-alongé, presque cylindrique,
un peu relevé par le bout; et c’est à cette
extrémité qu’est placée l’ouverture de la bouche, qui
est très-étroite, et se ferme par le moyen de la mâchoire
inférieure proprement dite, que l’on a prise à
tort pour un opercule, et qui, en se relevant, va
s’appliquer contre celle d’en haut. Le long tuyau
formé par la partie antérieure de la tête a été regardé
comme composé des deux mâchoires réunies l’une
contre l’autre dans la plus grande partie de leur étendue;
et de là vient le nom de syngnathe que porte la
famille de cartilagineux dont nous nous occupons,
La trompette, non plus que les autres syngnathes,
n’a point de langue, ni même de dents. Ce défaut de
dents, la petitesse de l’ouverture de sa bouche, et le
peu de largeur du long canal que forme la prolongation
du museau , forcent la trompette à ne se nourrir
que de vers , de larves, de fragmens d’insectes, d’oeufs
de poissons.
La membrane des branchies des syngnathes, que
deux rayons soutiennent, s’étend jusques vers la gorge:
l’opercule de cet organe est grand et couvert de stries
disposées en rayons; mais cet opercule et cette membrane
sont attachés à la tête et au corps proprement
dit, dans une si grande partie de leur contour, qu’il
lie reste pour le passage de l’eau qu’un orifice placé