p 5 o H I S T O I R E N A T U R E L L E
nécessaire aux poissons, et dont nous avons déjà eu
tant d’oeeasions de parler.
Il y a deux nageoires sur le dos ; celles de la poitrine
sont très-grandes, ainsi que la caudale. Des teintes
jaunâtres distinguent ces nageoires pectorales; celle
de l’anus est d’un noir éclatant-: l’animal est d’ailleurs
brun par-dessus, gris .sur l^s cotes, et blanc par-
deasous.
Le canal intestinal de l’uranoseope rat n’est pas très-
long , puisqu’il n’est replié qu’une fois; mais la membrane
qui forme les parois de sou estomac , est assez
forte, * *et l’on compte auprès du pylore, depuis huit
jusqu’à douze appendices ou petits cæcums propres à
prolonger le séjour des aliinens dans l’intérieur du
poisson, et par conséquent à faciliter la digestion.
Le rat habite particulièrement dans la Méditerranée.
Il y vit le plus souvent auprès des rivages vaseux; il
s’v cache sous les algues ;;il s’y enfonce dans la fange;
et par une habitude semblable à celles que nous avons
déjà observées dans plusieurs raies, dans la lophie
baudroie, et dans quelques autres poissons-, il se tient
en embuscade, dans le limon -, ne, laissant paroi Ire
qu’une petite-partie de sa -tête , mais étendant- le filament
mobile qui est attaché au bout de sa mâchoire
inférieure, et attirant par la ressemblance de cette
sorte de barbillon avec un ver, de petits- poissons-qu’il
dévore. C’est Rondelèt qui a fait cbnridître le premier
cette manière dont l’uranoscope rat parvient à se saisir
D E S p o i s s o n s. ' 35 i
facilement de sa proie. Ce poisson ne peut se servir de
ce moyen de pêcher, qu’en demeurant pendant très-
long-temps immobile, et paraissant plongé dans un
sommeil profond. Voilà pourquoi, apparemment, on a
écrit qu il dormoit plutôt pendant le jour que pendant
la nuit, quoique, dans son organisation, rien n’indique
une sensibilité aux rayons lumineux moins vive que
celle des autres poissons, desquels on n’a pas dit que le
temps de leur sommeil fut le plus 'souvent celui pendant
lequel le soleil éclaire l’horizon % '
II parvient jusqu’à la longueur de trois décimètres r
sa chair est blanche, mais quelquefois dure-,: et de
mauvaise odeur; elle indiqué, par ces «leux mauvaises
qualités, les petits mollusques et les vfers marins dont
le rat aime à se nourrir, et les fonds vaseux qu’il préfère.
Dès le temps des anciens naturalistes grecs et latins, on
savoit que la vésicule du fiel de cet uranoscope est.
très-grande, et l’on croyoit que la liqueur quelle con-
tient, étoit très-propre à guérir des plaies et quelques
maladies des yeux’.
1 Voyez, clans le Discours sur la nature des poissons, ce1 qui'cohccrne1
le sommeil de ces animaux.
* Pline, lifj, 32, cJwp. 7.