hermaphrodites les cartilagineux dont nous traitons
dans cet article ; et nous sommes dispensés Admettre
une exception qui auroit été Unique non seulement
parmi les poissons, mais même parmi-tous les animaux
à sang rouge.
Les jeunes syngnathes sortent des oeufs dans lesquels
ils ont été renfermés , pendant que ces memes oeufs
sont encore.attachés au corps de la femelle. L intérieur
de ces petites enveloppes a donc dû être fécondé avant
leur séparation du corps de la mère. Il en est donc des
syngnathes comme des raies et des squales : le male
êst obligé de chercher sa femelle, de s en approcher,
de demeurer auprès d’elle au moins pendant quelques
momens, de faire arriver jusqu a elle sa liqueur séminale.
Il y a donc un véritable accouplement du male
et de la femelle dans la famille que nous examinons;
et la force qui les entraîne l’un vers l’autre est d autant
plus remarquable, qu elle peut faire supposer 1 existence
d’une sorte d’affection mutuelle, très-passagere à la
vérité, mais cependant assez vive, et que ce sentiment,
quelque peu durable qu’il soit , doit influer beaucoup
sur les habitudes de l’animal, et par conséquent sur
l ’instinct qui est le résultat de ces habitudes*
Lorsque la liqueur séminale du mâle est parvenue
jusqu’aux oeufs de la femelle, ils reçoivent de ce fluide
vivifiant une action analogue à celle que Ion voit
dans tons les oeufs fécondés, soit dans le ventre, soit
hors du corps des mères, à quelque espèce d animal
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qu’il faille d’ailleurs les rapporter. L’oeuf, imprégné de
la liqueur du mâle, s’anime, se développe, grossit;
et le jeune embryon croît, prend des forces, et se nourrit
de la matière alimentaire renfermée avec lui dans sa
petite coque. Cependant le nombre des oeufs que contiennent
les ovaires est beaucoup plus grand, à proportion
de leur volume, et de la capacité du ventre qui les
renferme, dans les syngnathes que dans les raies ou dans
les squales. Lorsque ces oeufs ont acquis un certain
degré de développement, ils sont trop pressés dans
l’espace qu’ils occupent, ils en compriment trop ;les
parois sensibles et élastiques, pour n’être pas repoussés
hors de l’intérieur du ventre, avant le moment où les
foetus doivent éclore. Mais ce n’est pas seulement alors
par l’anus qu’ils s'échappent : ils sortent par une fente
longitudinale qui se fait dans le corps, ou, pour mieux
dire, dans la queue de la femelle, auprès de l’anus,
et entre cette ouverture et la nageoire caudale. Cette
fente non seulement sépare des parties molles de la
femelle, mais encore elle désunit des pièces un peu
dures et solides. Lies pièces sont plusieurs portions de
l’enveloppe presque osseuse dans laquelle les syngnathes
sont engagés en entier. Ces poissons sont, en
effet, revêtus d’une longue cuirasse qui s’étend depuis
la tête jusqu’à l’extrémité de la queue. Cette cuirasse
e-$t composée d’un très-grand nombre d’anneaux placés
à la suite l’un de l’autre, et dont chaeuu est articulé
avec celui qui le précède et celui qui le suit. Ces