crabes, de jeunes poissons. Il s’approche souvent des
rivages, et voilà pourquoi on le prend pendant presque
toute l’année : mais il abandonne particulièrement la
haute mer, non seulement lorsqu’il va se débarrasser
du poids de ses oeufs ou les féconder, mais encore lorsqu’il
est attiré vers la terre par une nourriture plus
agréable et plus abondante, et lorsqu’il / cherche un
asjle contre les gros animaux marins qui en font leur
proie; et comme ces diverses circonstances dépendent
des saisons, il n’est pas surprenant que, suivant les
pays, le temps de le pêcher avec succès soit plus ou
moins avancé. On a préféré pour cet objet, sur certaines
côtes deFrance, les mois de nivôse et de pluviôse;
et sur plusieurs de celles d’Angleterre ou de Hollande,
on a choisi les mois de l’été.
On le trouve très-gras lorsque les harengs ont déposé
leurs oeufs, et qu’il a pu en dévorer une grande quantité
*. Mais, excepté dans, le temps où il fraie lui-même,'
sa chair écailleuse est agréable au goût r elle n’a pas
de qualité malfaisante; et comme elle est molle, tendre
et légère, on la digère avec facilité, et elle est un des
alimens que l’on peut donner avec le moins d’inconvénient
à ceux qui éprouvent un grand besoin de
manger, sans avoir cependant des sucs digestifs très-
puissans.
* Lettre du citoyen Noël; de Roueitj uu citoyen Lucepêde , du 2 1 b ru -
maire an 7.
Dans quelques endroits de l’Angleterre et des environs
d’Ostende , de Bruges et de Gand, on a fait sécher
et saler des merlans après les avoir vidés; et on les a
rendus, par cette préparation, au moins suivant le
témoignage de plusieurs observateurs, un mets très-
délicat.
On a écrit qu’il y avoit des merlans hermaphrodites.
On en a vu , en effet , dont l’intérieur présentoit en
même temps un ovaire rempli d’oeufs, et un corps assez
semblable, au premier coup d’oeil, à la laite des poissons
mâles : mais cet aspect n’est qu’une fausse apparence;
l’on s’est assuré que cette prétendue laite n’étoit
que le foie, qui est très-gros dans tous les merlans, et
particulièrement dans ceux qui sont très-gras.
O11 prend quelquefois des merlans avec des filets et
notamment avec celui que l’on a nommé drége, et dont
nous avons fait connoître la forme dans l’article de la
trachine vive. Le plus souvent néanmoins on pêche le
gade dont nous parlons, avec une vingtaine de lignes,
dont chacune, garnie de deux cents hameçons , est
longue de plus de cent mètres, et qu’on laisse au fond
de l’eau environ pendant trois heures.
Au reste, non seulement la qualité de la chair du
merlan varie suivant les saisons et les parages qu’il fréquente,
mais encore ses caractères extérieurs sont assez
diflerens, selon les eaux qu’il habite, pour qu’on ait
compté dans cette espèce plusieurs variétés remarquables
et constantes. Nous pouvons en donner un