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defcription abrégée de tout être idéal pu réel. Lé nom
de phénicoptère i oifeau à l ’aile de flamme ( b J , efl un
exemple de ces rapports fentis qui font la grâce &
l’énergie du langage de ces Grecs ingénieux ; rapports
que nous trouvons fi rarement dans nos Langues mo*-
dernes, iefquelles ont fouvent même défiguré leur mère
en fa traduifànt. Le nom de phéniepptèrp traduit par
nous, ne peignit plus i’oifeau, & bientôt ne repréfentant
plus rien perdit enfùite fà vérité dans l’équivoque. Nos
plus anciens Naturaliftes François prononçoient flambant
ou flammant : peu-à-peu l’étymologie oubliée, permit
d’écrire flamant pu flamand, & d’un oiièau couleur dp
feu ou de flamme ( c) , on fit un oifeau de Flandre,
Gen. , Sp. i. t Pkoenicopterus ex cinereo punieeajs."raipori- rofltOf
Barrèrç, Ornithol. cîaf. I , peu. T l j l j 3p. i.-r-Phoenicoptenus HffeiiS.
Idem, ibid. 3p. 3. — Pkoenicopterus Çuyanenfls, emffîpri mflw, totuq
phoenieeus. Idem, ibid. Sp, 3. -^r Phoenicopterus Phoeniceus, roflro fàlcatp,
fld extremum jiigro. Idem, France équinpx. pag. 14p. Hr Flamenco»
Jonfton, Ayi. pag. 130. — Avis quam Hifpani flamenco vçcant, De
. Laët, Nov. prb, pag- 13.*— Flamand. Kolbe, Defcriptian du cap dp
Bonne-efpérance, tome I I I , page 142.—Flambant ou flamand. Duterty
fjifl,d es Antilles, tom, I I , pag. z6 y . Flamant. Ç atefhy, toM« I ,
pag. 73 , avec une bqnne figure f planche 73 ; & de plus une figure
,de la tête , planche 74. — Flammant ouflamboyait. Albiri, tome I I ,
page 5 1 , avec une figure mauvaife & mai coloriée, planche 77,
— L e flarpmant ou flambant. Salerne, Ornithol. pag. 36 p .— Phoenh
f opteras coccljteus, remigibus plerifqae nigris ; rçür'icibus coccineis. , , y
Phænicopterus. Briflon, Ornithol. tome V I , page 532,
/b) üomtdçç, purpureus, flammeus ; vrrlppç, a ta .
(ç) fçs pluntçs font de copieur incarnat, & quand il vol®
d u F l a m m a n t ou P h é n ic o p t è r e . 477
on lùi fùppofà même des rapports avec les habitans de
cette contrée où il n’a jamais paru (d)y- Nous avons donc
cru devoir rappeler ici fon ancien nom qu’on auroit du
lui conferver comme plus riche & fi bien approprié,
que les Latins crurent devoir l’adopter (efl»:\i
Cette aile couleur de feu n’eft pas le feul caradère
frappant que porte cet oifeau; fon bec d’unè forme
extraordinaire, aplati & fortement fléchi en-defliis vers
fon milieu, épais & carré en-deflous, comme une large
cuiller ; fès jambes d’une exceflfve hauteur ; fon cou
long & grêle; fon corps plus haut monté, quoique plus
petit que celui de la cigogne, offrent une figuré d’un
beau bizarre & d’une forme diflinguée parmi les plus
grands oifeaux de rivage.
G ’eft avec raifon que Willughby, parlant de ces grands
oifeaux à pieds demi-palmés qui hantent le bord des eaux,
fans néanmoins nager ni fè plonger, les appelle des espèces
ifplées, formant ün genre à part & peu nombreux,
à l’oppôflte du foleil, H paroît tout flamboyant comme un brandon
de feu. Dutertre, Hifl. nat. des Antilles, page i d 7. ffj
(d) Willughby en remarquant cette dénomination trompeufe, dit
que loin que cët oifeau foit fréquent en Flandre, il ne tyoit pas même
qu’on l ’y ait jamais vu ; fur quoi G efner s’abandonne à plùfîeurs Mauvais
raifonnemens (lib. I I I , D e avib. ^ 'trouvant dans la grandeur
de ces oifeaux du rapport avec la ftature des Flamands; fuppofant
d’ailleurs fanflemçnt que la plupart de ceux que l’on voit, nous font
apportés de Flandre,
(e) Pline, Apidus, Juvenal, Suetone, tous ont retenu le mot
grec, en y ajoutant feulement la terxninaifon latinephcenicopterus^