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cache & niche dans; les rofeaux : fon nid en forme de
gondole, eft compofé.de'joncs qu’elle fait entrelacer,
& pour ainfi dire, amarrer par un des bouts, à une tige
de rofeau , de manière- que le petit bateau ou bertceâu
flottant peut s/éleyer & s’abaiiïer avec l’eau fans.en etre'
emporté ; la ponte eft de :fept_ ou huit, qpu£$ les petits
en naiflant font tous noirs / leur éducation eft courte,
car dès qu’ils font éclos ils courent, nagent, plongent,
& bientôt fe féparent,• chacun va vivre feul, aucun ne
fe recherche, & cet inftinél fôlitaire & fauvage -prévaut
même dansJe^temps.des amours; car à l’exception des,
inftans de l’approche néceflàire, le mâle fe tieh^écarté'
de fa femelle., fans prendre auprès d’elle aucun des tendres
foins des oifeaux amoureux, fans l’amufer, ni l’égaler par
le jehant-, làns refîèntir ni goûter ces doux plaifirs qui
retracent & rappelle|2xeux de la jouilfance; ^riftèslêtireV'
qui ne lavent pas refpirer près de I’objetaim|| amours
encore plus trilles, puifqu’elles, n’ont pour but qu’une
infipide fécondité.
: Avec ces moeurs làuvages & cVnatürel ftUpide-î la
marouette ne paroit guere lïilceptibfe d éducation, ni
même faite pour s’apprivoifer ; nous en avons, cependant
élevé uney, elle a vécu durant tout un qté ÿ vec. de-. la
mie de pain & du chenevis; lorfqu’elle étok, feule, elle
fe tenoit conftamment dans une grande jatte pleine d’eau;
mais dès qu’on entroit dans le cabinet ou elle etoit renfermée,
elle couroit fe cacher dans un petit coin obfcur ,
D E S A L E S . [ 59
fansi qu’on, l’ait jamais entendu crier ni murmurer ; cependant
lorfqu’elle eft en liberté, elle fait retentir urie
voix aigre & perçante, allez lèmblabie au cri d’un petit
oifeau de proie ; & quoique, ces“ oifeaux n’aient aucun
attrait pour la focîété, on obferve-néanmoins que l’un
h*a pas plutôt crié qu’un autre lui répond-, & que bientôt
'çè/firi ^eft-yéléfé! par tOtts" 'les autres du canton.
La marouette, comme tous’ îgs râlekfvtient fi fort
devant lési.cfiiens, que fouvent le chalfeur peut la faifir
avec la1 main ou l’abattre avec un bâton ; , sol fe trouve
un builfon dans là fuite,/die y montb, & du haut de
fon aflle regarde palfer les^chiens. en défaut; cette habitude
lui eft commune avec le râle duèau; elle plonge,
nage & même nage entre deùx eaux lorlqu’il s’agit de
le dérober,à l’ennemi.
Ces oilèaux dilparoilfent dans le fort de l’hiver , mais
ils reviennent de très-bonne heure au printemps, & des
le mois-;de févfiéf'^îifsy.ïbnt communs* dans quelques
provinces de France'& d’Italie; on les connoît en Picardie
loüs le nom de girardine. C ’eft un gibier délicat
& recherché/ ceux fur-tout que l’on prend en Piémont,
dans les rifières, font très-gras & d’un goût exquis.