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dont le devant & les côtés font chauves (c) ; Une peau,
egalement nue, garnit le deflbus du bec qui eft droit
jufqu’à la pointe., où il fe recourbe fortement en un
croc très-aigu.
Çet oifeau eft du petit nombre de ceux qui ont les
quatre doigts affujettis & liés enfemble par une membrane
d’une feule pièce, & dont le pied muni de cette large
rame, fembleroit indiquer qu’il eft très-grand nageur;
Cependant il refte moins dans l’eau que plufieurs autres
oifeaux aquatiques, dont la palme n’eft ni aulfi continue,
ni auffi élargie que la fienne; il prend fréquemment fon
eflor, & fe perche fur les arbres : Ariftote lui attribue
cette habitude, exclufivement à tous les autres oifeaux
palmipèdes (d) ; néanmoins il l’a commune avec le pélican,
le fou , la frégate , l’anhinga & l’oifeau du tropique ;
& ce qu’il y a de fmgulier, c ’eft que ces oifeaux forment,
avec lui, le petit nombre des efpèces aquatiques qui ont
les quatre doigts entièrement engagés par des membranes
continues ; c ’eft cette conformité qui a donné lieu aux
Ornithologiftes modernes, de raftembler ces cinq ou fix
oifeaux en une feule famille, & de les défigner en commun
(c) Queedam anima lia naturaliter calvent, Jïcut jlruthiocamli & çorvi
aquatiei, quibus apud Gracos namen ejl inde. PJin. lib. I I , cap.
XXXVIII.
(d) Qui corvus appellatur. . infîder arboribus & nidulatur in iïfj
Jiic unus ex généré palmipedum. Arillou ddi/l. animal, libt V I I I ,
cap. f f f P
fous
JD U C f g f R Af- O R A N , 3 1 3
îbus le nom-générique d.e;j?élican (e)ma i s ce n’eft que
dans une généralité fcholaftique. & en forçant l’analogie,
que l’on peut fur le rapport unique de la fimilitude d’une
feule partie, appliquer le même, nom à des-efpèces qui,
diffèrent autant entr’elles que celle de l’oifeau du tro-,
pique, par exemple, & celle du véritablevjjeçican.
Le cormoran eft d’une, telle adreffe .àpeGfejfr & d’une
û grande voracité, que quand il fe jette fur un étang , il
y fait feül plus de dégât qu’une troupe entière d’autres,
oifeaux pêcheurs; heureufement il fe tient>prefque toujours
au bord de la mer, & il eft rare de le trouver,
dans les contrées, qui en font éloignées (f)-"Comme if
peut relier long-temps p l o n g é , & qu’il nage fous
ï’eau avec la rapidité d’un trait., fa proie .ne lui échappe
guère, Sl il revient prefepte toujours fur l’eau avec un
poiflon en travers de fon bec; pour l’avaler, ij.fait un
fingulier manège, il - jette en l’air fon poiflon , & il a
î ’adrefle de le recevoir la tête la première; de manière
que les.nageoires fe couchent au paflàge du gofier, tandis
que la peau membraneufe qui garnit le deflbus du bec,
prête & s’étend autant qu’il eft néceflàire pour admettre
(e) Klein, Linné, ont forme cette famille ; ie çornjoran y figure
fous le nom de pelfcmpf çarbq; la frégate, jéqùs-çiekii'dk}pelecanus
c gu il us, i f c,
( f ) « Le 27 janvier ( 1775^), on m’apporta Üii eorrrioranque l’on
venoit de tuer au bord de la riyièrç d’Ouche., il étojf perché'fur «
jUn faillie. » Extrait d’urie lettre de A I. Ilebert.
(g) Longo /patio urinaû poteft. Sçhwencjtfeld,
Oijeaux, Tome Vlll. R r