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cachant tant qu’il peut pour manger ; iorjfqu on l’approche,
il a un cri d’effroi, d’une voix d’abord affez foibie;,
enfuite plus aiguë, & qui fe termine par deux ou trois
coups d’un fon fourd & intérieur ; il a . pour le plaifir
d’autres petits accens moins bruyans & plus doux; il
paroît préférer les fruits & les racines, particulièrement
celles des chicorées à tout autre aliment, quoiqu’il puilfe
vivre auffî de graines Ornais-lui ayant fait préfenter du
poiffon, le goût naturel s’efi marqué, il l’a mangé avec
avidité ; fouvent il trempe fes. aiimens à piufieurs fois
dans l’eau; pour peu que le morceau foit gros, il ne-,
manque pas de le prendre à fà patte & de l’affujettir
entre fes longs doigts en Ramenant contre les autres
^lui de derrière , & tenant le pied à demi -éleyé ; il
mange en morcelant.
Il n’y a guère d’oilèaux plus beaux par les couleurs;;
le bleu de fon plumage moelleux & luflré, eft embelli
de reflets brjlianSï; ’fes longs pieds &. la plaque du fommet
de la tête avec la racine du bec, font d’un beau rouge,
& une touffe de plumes blanches fous la queue, relève
l’ëcbt de fa belle robe bleue. La femelle ne diffère du
mâle qu’en ce quelle eft un peu plus petite; celui-ci
eft plus gros qu’une perdrix, mais un peu moins qu’une
poule. M. le marquis' de Nefle a rapporté ce couple
de Sicile , ou, fùivant la notice qu’ il a eu la bonté de
nous communiquer, ces poules fùbanes font connues
fous le nom de gallo-fagiani ; on les trouve fur le lac de
Lentini f
d é l a P o u 1 e S u l t a n e . 201
Lentini, au - dêffus de Catane ; on les vend à un prix
médiocre dans cette ville, ainfi qu’à Syracufe & dans les
villes voifines ; on en voit de vivantes dans les placés
publiques, où elles fe tiennent à côté des vendéufes
d’herbes & de fruits pour en recueillir les- débris. Ce
bel oifeau logé chez les Romains dans les temples, fe
^eftèlit'nn' pètt, ^comm¥ l%M'Wkr-dé la décadence de
l’Italie; mais Une conférence-ihtérefïàntê que préfènte
ce dernier fait, c’eft qu’il fauti que la race de la poule
fùltane fè foit naturalisée en ,Sicile par quelques couples
de, ces porphyrions apportas d’Afrique ; & il y a toute
apparence que cette belle espèce s’èft propagée de meme
dans çjuelqueS,.autres contrées , car nous voyons par un
pafîage de Géfner, que ce Nattiralifte etoit perfùadé qu’il
fe trouve deqsés pifeaux en Efpagne & même dans nos
provinces méridionales de France (q)-
Au rèfte, cet oifèau eft un de ceux qui fe montrent
le plus naturellement difpofés à la domefticité, & qu’il
féroit agréable & utîfe Me multiplier. Le couple nourri
dans des‘|volières de M. le marquisi- He Nefle, a niché au
dernier printemps'|i 778); on avilie mâle & la femelle
travailler de concerj:conftruire Je, nid: ils le posèrent
à., quelque hauteur de 1 terre, fur une avance du mur,
avec des bûchettes & dé la pailléîën quantité ; la ponte
fut de fix oeufs blancs d’une coque rude,, exactement
(q) Rara avis, nï fâllor, in Narbonenfiprevinciâ, frequentior Hifpanics.
Gefeer, J4t>ppag, j ‘y-6.
Oifeaux, Tome F / / / . C e