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fe rangent en ligne & croifent la largeur de i’ étang ; eette
petite flotte alignée j pouffe ainfi devant elle la troupe des
foulques? de manière à la conduire & à la renfermer dans
quelque anfo ; prefles alors par la crainte & la néceffité *
tous ces oifeaux s ’ envolent enfèmble pour retourner en
pleine eau, en paflànt par - deflùs la tête des chaffeurs
qui fon t un feu 'général, & en abattent un grand nombre ;
on lait enfuite la même manoeuvre vers l ’autre extrémité
de l’étang ; où les foulques fè font portées ; & c e qu’ il
y a de fingulier, c ’efl: que n i le bruit & le feu des armes
& des chafleurs, ni l ’appareil de la : petite flotte, ni ia
mort de leurs compagnons ne puiflènt engagerons Oîfeaux
à prendre ïa fuites: c e n ’ eft que la .nuitifoivante qu'ils
quittent des lieux auffi funeftes, & encore y trouve-t-on.
quelques traîneurs le lendemain.
C e s oifoaux pareffeux ont à jufte titre plufieurs
ennemis ; le bufàrd mange leurs oeufs & en lè ve leurs
petits, & c ’ efl: à cette defiru étion qu’on d o it attribuer le
peu de population dans cette e fp è c e , qui par elle-même
eft très-féconde; car la foulque pond d ix - huit à vingt
oeufs , d’un blanc-laie & prefque aufli gros que ceux de
la poule i quand la première co u v é e e ft perdue* fouvent
la '-mère en fait un e féconde de dix à d o u ze oeufs4^||k*
Jille établit fon nid dans des endroits noyé? & couverts
de rofeapx fo c s ; elle en choifit une touffe,* fur, laquelle
f() Obiçrvatioft çonununiquée par M. Bâillon,
cite en entaffe d ’mtr e s , & ce tas é le v é au -d e fïu s d e
l ’eau, eft garni: dans.fon creux de petites herbes sèches
& de fommités de rofèaux, c e qui forme un g ro s nid
affez informe & qui fe v o it de e lle cou v e pendant
v in g t -d e u x ou v in g t - t ro is jours, & dès que lé s petits
font é e f c , iis fautent hors du nid & n’y reviennent plus ;
la mère ne les réchauffe pas fous fe s ailés*;' ils cou ch en t
fous les jo n c s à d ’entour d ’elle ; elle le s conduit à l ’eau-,
o u dès leur naiffance ils nagent & plongent très-bien ;
ils font couverts dans c e premier âge d ’un duvet n oir
enfumé, & paroiflènt trè s -laid s ; on ne leur vo it qu e
l ’ indice, de la plaque blanche qui doit orner leur ff-Onfc
C ’efè alors que l ’oifèau de proie leur fait une gu erre
cru e lle , & il enlève fouvent la mère & les petits-
L e s vieilles foulques qui ont perdu plufieurs fois leu r
co u v é e , inftreites. par le malheur, viennent- établir leu r
nid le long- du rivage, dans les glaïeuls, ©u il efl mieux
caché-p elles tiennent leurs petits dans ces endroits
fourté s & réouverts; d e grandes h e rbe s ; c e font c e s
ffiît H- y a- peu d’apparerrce ' cpce- te foulque, comme, le 'dit M.
Salerne, fafïè ’d^ux nids, l’un, pour fouyjer ,s l’autre pour loger fà
coudée ëcfofe ; '0^ qui peut avoir, donne' lieu à cette rdee, c’teft que
feSpefos ne Eevretoâen*-plùs. ettrcflw-au ni<t une fois1 qu’il* l'ont-quitté,,
mais fe gkentï.,aVec leur nfèrve[ dans les’rioncs.
- (g) Le îiïêtwe M. Salerne, prétend qu’eilë lait- fé défendre de
Foifeau de proie, en klpréfentam-les- griffes, qu’ellb porte en effet
afièz aiguës; mais il pardk que cette foififo*'defenfe n’empêche pas
qu’elle ne foit le plus jfbuvem te proie de* fon ennemi.