
47 2 H i s t o i r e N a t u r e l l e
L E C 0 U R E U R. (a)
T o u s les Ôifoâux qui nagent & dont les doigts' font
unis par des membranes, ont le pied court, la jambe
reculée & fouvent en partie cachée dans le ventre ; leurs
pieds conftruits & difpofés comme des rames à large
palme, à manche raccourci, à pofition oblique, fomblent
être faits exprès pour, aider le mouvement du petit navire
animé! L ’oifeau eft lui-même le vaiflèau, le gouvernail
& le piloté; mais au milieu de cette grande troupe de
navigateurs ailés , trois eipèces d’oifoaux forment comme
un groupe jfolé; ils ont à la vérité les pieds garnis d’une
membrane comme les autres oifoaux nageurs, mais ils
font en même temps montés fur de grandes jambes ou
plutôt for de hautes échafles, & par cp cara&ère ils le
rapprochent des oifoaux de rivage» & tenant à deus
grands genres très-difFérens, ces trois eipèces, forment
. (a) 'Aldrovande lui applique les noms grecs de celeos & éQ-troÆlost
& c’eft d’après celui de corrira, qu’on lui donne en Italie, que noü$
ayons formé celui 4e coureur. — Trochilus, vulgo corrira,. Aldrovande,
Avû tom. IH , pag. 2r88.'—Willughby, Ornithol. pag. 2.£.o. -~~Ero~
thilus, corrira, feu tabellaria Aldrovandi. Chârletoh, Ex'ercit. pag.
102, n f p. Onoma^t. pag. 97, ïif 9. — Ray, Synopf. avi. pag. 11 8 ,
n.° 3. — Trochilus. Jonfton, A n . pag. 90. Idem, corrira, pag. i i i ,
-rr Le trochile ou coureur. Saler ne, Ornithol. pag. 3 6z .~ Corrira
fiperne firruginèa , infime alba; reflricibus Unis ïntçrmedîls tûndidïï ',
api ce ni gris. . . . Corrira., Le Coureur. Brifîon, Ornithol, tomeVI,
page 544»
un
D Ü C Ô V h E Ü R*
tin de ces degres intermédiaires1» une de Ces nuances
qu’en tout a tracées la Nature..
Ces trois oiftptix à pieds palmes &. à haütés ÿaimhesi
font, l’avoeetté, dontnoûs venons de parler, le fiammam;
ou phênkoptke dés; Anciens & le courmï ainfi nommé,
dit Aldrovande, dé la célérité avec laquelle on le voit
courir for les rivages ; Ce NatüraMe^par qui feul nom
connoilfons cet oifeaü, nous apprend qu’il .fifoft pas rard
en Italie : nous rte le conftOifFons point en France;? &
félon toute apparence il ne fe trouve pas dans les autres
contrées de l’Europe, Ou du m'oins il y e#extrêmement-
rare. Gharleton dit en avoir vu un individu, ^ns. faire
mention dü lieu d ou il venoit ; folon Aldro vanddles
cuifles de cet oifoau coufeur font cotirtes à proportioii
de la hauteur des jambes; le bec jaune dans fort étendue eft
noir à la pointe, il eft court & ne s’ôuvre pas beaucoup?
Je manteau eft couleur de gfis-de-fer & fe vemre blanfe^
deux plumes blanches à pointe noire* couvrent la qüeué*
C ’eft tout ce que rapporte ce Naturalifte, fms rien ajouter
for les dimeiifions ni la grandeur dü corps, qui, danf
û figuré, font à peu-près les mêmes que celles du pluvier*
Ariftote & Athenee parlent également d’un oifoau à
coùrfo rapide* fous le nom de trochilos, -en difant qu’il
vient eû temps calme chercher fa nourriture fur l ’eau j mais
ce trochilos eft-il un oifeaü palmipède & nageur, Comme
le dit Aldrovande qui le rapporte à fou oifoau coureur,
ou comme l’indique Ælieri * le trochilos n’eft-il pas un
Qijeaux, Tome VU L Q 00