
d’autant plus qu’il pêche lôuvent lui-même, qu’il mange
aulfi de la graille dè baleine, & que dans la grande quantité
de febfiftances qu’offre la mer aux oifeaux qui l’habitent, il
ferait bien étrange que êelui-ci fe fût réduit à un mets
que tous les autres rejettent. Ainfi le nom de ftercoraire
paraît donné mal-à-propos, & l’on doit préférer celui
de labbe, par lequel les pêcheurs défignent cet oilèau,
afin d’éviter que fon nom puiffe induire en erreur fur
ion naturel & les habitudes.
lamèr, à l’effet d’y faire des oblèrvations, j’ai reconnu ce qui A
donné lieu à cette fable, le voici *
Les mouettes le font une guerre continuelle pour la curée ; dû
moins les groflès efjpèces & les moyennesj iorlqu’une lort de l’eau
avec un poiflon au bec, la première qui l’aperçoit fond deflüs pour
le lui prendre^ fi celle-ci ne le hâte de i'avaier, elle, eft poûrfuivie à
Ion tour par de plus fortes qu’elles, qui lui donnent de violens coupât
de bec ; elle ne peut les éviter qu’en fuyant ou en écartant Ion ennemi >
foit donc que le poillbn la gêne dans Ion vol, foit que la peur lui
donne quelque émotion, lôit enfin qu’elle lâche que le.poiflon qu’elle
pdfté, eft le leul objet dè la pourfuite, elfe le hâte de le Vomir ;
fautre qui le voit tomber, lè reçoit avec adrefie &aavànt qu’il ne fôîï
dans l’eau ; il eft rare qu’il lui échappe.
Le poiflon paroît toujours blanc en l’air, parce qu’il réfléchit la
lumière, & il lèmble, à caule de la roidêUr du vol, tomber derrière
la mouette qui le vomit. Ces deux cifconftances ont trompé les
Obièrvateurs.
J’ai vérifié le même fait dans mon jardin ; j’ai poürfuivi, en criant,
de grofles mouettes, elles ont vomi en courant le poiflon qu’elles
venoïerit d’avaier ; je le leur ai rejeté, elles l’ont très-bien reçu en.
l ’air, avec autant d’adrefle que des chiens. Note communiquée par JVt$
Bâillon, de Alontreuiî-fur-mef,
du L a b b e ou St e r co ra ir e . 443
Perlorme ne les a mieux décrites que Ghifler, dans
les Mémoires l de l’Académie de .Stockolm « Le
vol du labbe, d it-il, eft très-vif & balancé, comme «
celui de l’autour ; le vent le plus fort ne lempêche pas «
de lè diriger affez jufte pour - lalfir en l’air iéj? petits «
poiffons que les pêcheurs lui jettent ;• lorfqu’rls l’ap- «
pellent lob, lab, il vient aulfitôt & prend le poiÉbn cuit «
ou crud, & les autres alimens qu’on lui jette; il prend «
même des harengs dans la barque des pêcheurs; & s’il «
font làlés, il les lave avant de les avaler ; on ne peut «
guère l'approcher ni le tirer que iorfqu’ôn lui jette un «
appât ; mais les pêcheurs ménagent ces oifeaux, parce «
qu’ils font pour eux l’annonce & le figne prelque certain «f
de la prélènce du hareng ; & en effet, lorfque le labbe ne <*
paroît pas, la pêche eft peu abondante. Cet oilèau eftl|f
prelque toujours lur la mer, on ffen voit ordinairement <*
que deux ou trois enlèmble, & très-rarement cinq ou fix. «
Lorlqu’il ne trouve pas de pâture à la mer, il vient lur «
Je rivage^ attaquer les mouettes, qui crient dès qu’il paroît ; «
mais il fond fer elles, les atteint, fe pofe fer leur dos, ’•«
& leur donnant deux ou trois coups, les force à rendre «
par le bec le poiflon qu’elles ont dans l’eftomac qu’il «
avale à l’inftant. Cet oilèau ainfi que lès mouettes, pond «
fes çeufs fer les rochers ; le mâle eft plus noir & un «
peu plus gros que la femelle. »
• {c) Voyez la Collection académique, partie étrangère, tome X I ,
page y 1.