
L’O I S E A U DU T
ou LE Pa i l l e - e n -qu
N o u s avons vu des oifeaux fè porter du Nord au
Midi, & parcourir d’un vol libre tous les climats de la
terre & des mers ; nous en verrons d autres confines aux
régions polaires comme les derniers enfans de la;Nature
mourante fous cette fphère de glace (b); celui-ci femble
au contraire être attaché au char du foleil fous la zone
brûlante que bornent les tropiques fi) : volant fans celTe
finis ce ciel enflammé , laps s’écarter des-deux limites
extrêmes de la route du grand aflre, il annonce aux Na-*
VTgateurs leur prochain paffage fous ces Lignes céfeftes ;
auffi tous lui ont donné le nom à’oifeau du tropique, parce
que fou apparition indique l’entrée de la zone torride, foit
qu’on arrive par le côté du Nord ou par celui du Sud»
dans toutes les mers du monde que cet oifèau fréquente
également.
C ’eft même aux îles les plus éloignées & jetées le
(a) Paille - en- cul, fêta- en- cul, queue-4e-flèche \ en Anglois ,
ihe tropick bird; en Holkndois, pytfaart; en Efpagftoi, rabo dijunco;
en Latin jnoderne, lepturus.
(b) Voyei dans les derniers articles de cette Hiftoire, ceux de
Yalbatraffe , du pétrel, du macareux, du pinguin.
(c) C ’eft fans doute dans cette idée que M. Linnæus lui donne
le nom poétique de Phaëton, Phaeton athereus} voye^ci-après les
nomenclatures,"
d e l ’O is EAUi DU T r o p iq u e , é rc.! 3 4 9
plus avant dans l’océan équinoxial des deux Indes , telles
que i’ Afcenlion., Sainte-Hélène , Rodrigue. & celles de
France & de Bourbon, que^oesioifeaux fernb lent furgir
par choix , & s’arrêter de préférënce. Le vafte efpace de
la mer atlantique du coté du Nord, paroît les, avoir égarés
jufqu’aux Bermudes (d ), çipg’eft le point du globe où
ils fe font le plus écartés.les limites de la zone torride ; ils
habitent & traver&nt toute la largeur de cette zoiie (* ),
& fe retrouvent à fon autre limite tvers le Midi, où ils
peuplent cette fuite d’ileg que M. Cook nous a découvert
fous le tropique auftral, aux Marquife { f ) rt ù l’île de
Pâqu e s^, aux îles de la Socîçté & à celles des Aïkis (h),
(d) « Ôn me voit guère ces oilf aux qu’entre ïe?s;|^)iques, & à
des diïtaifcestrès^grandes de terré ; -cependant uçt des lieux où ils «
multiplient:eft éloigné du tropique du Nord, de près de p degrés; «
c’-eft les îles -Bermudes, où j’ai vu ces oifeaux venir faire Içur; couvre '<
dans les fëfttes de hauts rochers qui environnent c^s îtes. » sjÛatefyj
Cantin. apptnd. pag. / 4.
( . (e) Gn trouve les oifeaux du tropique dans toutes tes grandes &
petites Antilles. Vo)te% Dutertre, Labæt, Rochefort « En
allantplrmer du Fort-Stùnt-Pieçre au Fort-Royal de la Martinique, «
cüftance de fept lieues, on trouve des rochers,à p k tris-éfevés qui <*
forment la q&te de l’île ; c*efl dass les trous de çesj^hers que les «
paille-en-cui font leurs pontes. » Remarques <de M . de la Barde,
Médecin .du Roi à Cayenne.
p f j âeconsd Voyage du capitaine Gôbk, tome 11, page
(g) Ibidem, page 220.
fÉ) Dans les première? de ces îles» fon nom tÜi manoo’roa ( maim
veut dire oifeau) .