
* L ’A N H I N G A. K
iS I la régularité des formes, l ’a ccord des proportions
& les rapports de l’ enfemble de toutes les parties donnent
aux animaux c e qui fait à nos yeux la grâce & la beauté;
fi leur ran g -p rè s de nous n’eft marqué, que par ces
caractères ; fi nous ne les . diftinguons qu autant qu ils
nous plaifent, la Nature ignore c ç s . diftinétionS* & il
fuffit pour qu’ ils lui foient chers q u e lle leur ait donné
l ’exiftence & la faculté de fe multiplier; elle nourrit
également au défort l ’ élégante gazelle & le difforme chameau,
le joli chevrotain & la gigantelque giraffo ; ^éllc
lance à la fois dans les airs l ’aigle feperbe & le hideux
* Voyez les planches enluminées, n* $ y ÿ , VAnhinga de Caserne ,*
& n.' ÿ(> o , ! Anhinga no'frde Cayenne.
(a) C ’eft le nom Braûliçntaupinamboü de cet oifeau ; les Françoii
de la Guyane rappellent plongeon, &. fes naturels du pays cârara. —
Anhinga Brafilienf bus tupinambïs. Marcgrayé, Hiß. Brtfd. pagHri'è:
— Jonfton, Avi. pag. 1 4 9 . Willughby, Ornithol. pag. ß)q\ ces
deux auteurs ont Copié la figure de Marcgrave, qui, fans^te exacte *
éft pourtant três-rfecorôioifîâblé. — Ray, Synopf, avu pag. 124« ïi.“ 7.
PlaneurBrâfdtenfs, anhinga vocatus. Klein, Avi.pag. *4$, n.° 8.
W Ptînx. Moehring , Avi. Geri. 63. — Mer gus longi-rojlrus, cervice
Ipngiori. Idem, Ornithol. claf. I , Gen. 3 , Sp. fi. — L ’anhinga. Salem,
Ornithol. pag. 3 7 5 . — Anhinga fuperne nigricans, maculis albïdis varia,
infime albp-argentea, capife & càllo fupeyîm grifeo-rufefeentibus;
gutture & collo inferiore grifeis; ùropygio reâricibvfque fplendide nigris
Anhinga. Brillon, Ofnithol. tome V I , page 4 7 fi.
yautour ;
A u to u r ; elle cache fous terre & dans' l ’eau mille géné-î
rations d’ infoétes de formes bizarres & dilproportionnées ;
enfin, elle admet les;,compôfés les plus dilparates^1’"pourvu
que par les rapports réfultans de leur orgânilàtiôn iis
puiffent fubfifter &. fe reproduire; cfeft ab d iq u e -fous) la
forme d ’une-feuille elle .fait’ vivredes mantes ; qüe idüs une
Coque {pbérique,, pareilfe à JCClleî d ’un fouit,•*e4îe éttipri-i
fonne les ourfins; qu’ elle filtre là'Vie & la ramifie, pour
ainfi dire; dans les branches de l ’ étoilé de mer ; qu’ elle
aplatit en marteau la tête deda z ig è n e ,.& arrondit eniglobe
épineux le corps entier du poifidn lune. Mille aàtrès^prô-
duélions dé figures non moins étranges ne fiôus prouvent-
ellgs ’pas que cette mérë* univerfolle a tout; tenté pour
enfanter, pour répandre la vie & l’ étendre à toutes les;
formes poflibles i non contente de varier le trait primitif
de fon deflin dans chaque genre*, çn le 'fîéüh’iflànt fous
les contours auxquels il pouvôit fe p rê te r, ne ferable-'
t - elle pas avoir voulu tracer d ’un genre à un autre, &
même de chacun à tous lés autres, d e s , lignes de com-s
munication, des fils de rapprochement & de jonétion
au moyen delquels rien n ’eft cotçpé & tout s’ enchaîne,,
depuis le plus riche & lë plus hardi de fes chef-d’ccuvrçs,
jufqu’aux plus fimples dp fes effais,!' A in fi dans l ’hiftoirç
des Oifeaux nous avons Vu l’au tru ch e, fe -c a fo a r , le
dronte, par le raccourciïfeihërît dès' ailés & là pèfâhtëür
du co rp s , par la groffeur dès offemens de leurs jambes,,
faire la nuance - entredes animaux de l ’air & ceux de la
Oifeaux j Tome VIIJ* JL 11